Un drôle de zèbre, ce Matsumoto Hitochi ! Il forme, depuis plus de deux décennies, avec son acolyte Masatoshi Hamada, un duo comique de la télévision japonaise, adulé par les amateurs de pop culture. Et en plus, il tourne ! Saya Zamuraï est son troisième film, très, très compliqué à caractériser, un peu comme si Gilliam, Kitano, Tarantino et Kurosawa s'étaient incarnés en un seul cinéaste. Comprenez qu'on y trouve un enchevêtrement de styles, avec une dominante burlesque, tendance tragique. Tenu de faire (sou)rire un enfant prince, qui vient de perdre sa mère, le héros de l'histoire, samouraï déclassé et pathétique, doit inventer chaque jour un sketch, avant de devoir se soumettre au seppuku traditionnel, si jamais il échoue au bout d'un mois. Ses tentatives sont déplorables, cela va sans dire, malgré l'aide de ses deux gardes et de son adorable petite fille, bien plus adulte que lui et qui est la vraie vedette du film. Matsumoto joue sur le comique de répétition, tout en respectant les codes du film féodal, avec un sens de l'image ébouriffant. Déjà séduit par l'entreprise, malgré ou grâce à son traitement absurde, on est littéralement cueilli par un épilogue saisissant, qui tire les larmes. Ludique, tendre, cruel, et d'une originalité folle, Saya Zamuraï est sans conteste le film le plus frappé de 2012. Et l'un des plus jouissifs.