Simple mais efficace. Humain, honnête et révoltant, le film n'y va pas par 4 chemins pour traiter son sujet. Sous son aspect quasi téléfilm, "5 mètres carré" réussit à nous montrer la déchéance progressive de ce couple qui va de désillusion en désillusion. Il n'y a aucune fioriture, on ne perd pas de temps à côté, tout ce qui est montré sert l'intrigue. Pas un temps mort, et une intensité croissante (même si elle n'a pas vraiment d'apogée). On suit le parcours du couple, on subit le labyrinthe administratif avec eux, on a envie de taper du poing sur la table avec eux, bref, on s'identifie. Et cette histoire d'arnaque immobilière souligne aussi très bien, avec beaucoup de désenchantement, que dans notre société tout est lié et qu'à partir de la perte d'un point de repère (ici : le logement), toutes les autres sphères de la vie (sociale) peuvent dans certains cas s'effondrer progressivement par un effet domino. Le logement, donc le travail... Puis la perte de contacts (car perte de points communs) avec la famille, les amis, voir le couple... En fait c'est une parfaite illustration du problème du cumul des handicaps sociaux (qui est comme une spirale sans fin) dans la société, qui, dans les cas extrêmes, en atomisant totalement les individus, peut mener à des actes de dernière chance comme celui d'Alejandro dans le film. On est ici vraiment plongé au cœur de cette logique. Bon après il ne faut pas non plus y voir une apologie du recours à la violence comme seule arme contre les puissants... Même si j'ai l'impression que c'est plus ou moins le message (amer) du réalisateur. ça me fait d'ailleurs penser au film Possessions et, si je n'étais jusque là pas motivée pour le voir, j'ai maintenant envie d'y aller rien que pour faire le parallèle avec 5 mètres carrés. Bref, partant d'un scénario assez prévisible, on a quand même un film intelligent, épuré, agréable à regarder et bien interprété, même si c'est le genre de film que l'on oublie facilement.