L'Hypothèse du Mokélé M'Bembé : les secrets du tournage

Marie Voignier, réalisatrice de L'Hypothèse du Mokélé M'Bembé, est une artiste qui vit à Paris. Voignier a étudié aux Beaux-Arts de Lyon où elle a réalisé ses premières vidéos. Son court métrage Le Bruit du canon a reçu le prix du court métrage au Cinéma du réel en 2007. La cinéaste a également réalisé les documentaires Hinterland et "Hearing the shape of a drum". L'Hypothèse du Mokélé M'Bembé est son premier long métrage documentaire.

Le Mokélé M'Bembé est une légende africaine transmise par les Pygmées et qui décrit l'existence d'un animal qui serait une sorte de rhinocéros affublé d'une queue de crocodile et d'une tête de serpent. Au même titre que le monstre du Loch Ness écossais, du Chupacabra mexicain ou du Yéti tibétain, cet animal fait partie de ce qu'on appelle la cryptozoologie : l'étude des animaux dont l'existence n'est pas prouvée scientifiquement, mais seulement par des témoignages, des photos... Mokélé M'Bembé est un nom qui vient du dialecte lingala, la langue de certaines tribus du Congo, et pourrait se traduire par "celui qui arrête le flot des rivières", "celui qui mange les feuilles au sommet des palmiers" ou "gros animal."

Marie Voignier a suivi pour ce documentaire l'explorateur et chercheur indépendant en cryptozoologie Michel Ballot. L'homme a commencé ses recherches sur le Mokélé M'Bembé dès 1986 et a déjà fait plusieurs expéditions au Cameroun, à la frontière congolaise, dans le but de trouver des preuves et de rassembler des témoignages, notamment auprès de la population pygmée. Marie Voignier qualifie Michel Ballot de "Don Quichotte des temps modernes, trop prosaïque au regard de ses aspirations, qui certes relèvent de l’imaginaire, mais de l’imaginaire d’un homme en quête de vérité."

L'idée de faire ce documentaire sur le Mokélé M'Bembé est venue à Marie Voignier en 2009. Celle-ci se trouvait à Berlin pour un colloque de cryptozoologie. La cinéaste a assisté lors de cet évènement à une conférence que donnait le zoologiste franco-allemand François De Sarre sur le travail de Michel Ballot et ses différents voyages et expéditions.

La réalisatrice n'a pas fait ce film dans le but d'apporter des preuves, mais pour explorer les liens entre l'imaginaire et la recherche, même fantasmée, de la vérité. La documentariste nous confie à ce sujet : "Depuis la fin du XXème, nous sommes rentrés dans une ère des certitudes : la Terre a été entièrement explorée ; le monde est cartographié, numérisé. A la découverte des espèces s’est substituée leur préservation ; à la curiosité, les évidences. Mais certains, comme Michel, avant tout le registre de la croyance. C’est ce refus, comme moteur d’une impossible quête, qui constitue le cœur de mon film. La cryptozoologie et les recherches de Michel travaillent les registres de la croyance, de la vérité et de la vraisemblance". Marie Voignier met donc en avant la croyance et l'imaginaire au service d'une recherche de la vérité.

Michel Ballot a réagi très favorablement à la vue du documentaire. Très enthousiasmé, l'explorateur dira que Marie Voignier a réussi à faire "un très beau film, plus sur l'humain que sur la bête". Joli compliment de la part de l'Indiana Jones des temps modernes !