"The Giver" est finalement et après réflexion, un beau film de SF comme je les aime...
Certes, on pourra y voir un aspect assez simplifié de ce parallèle entre cette société aseptisée et très (trop) maîtrisée face à celle que dans laquelle on vit actuellement, mais qui en prend par certains côtés le même chemin inquiétant !
Mais il n'en reste pas moins que ce film est tout de même sacrément bien fichu pour plusieurs raisons.
Tout d'abord, l'univers dans lequel vivent ces Hommes dépourvus d'émotions, de désirs et de tentations diverses, est franchement truffé de bonnes trouvailles allant des décors mêlant un peu de vintage à un design très pur dans ces maisons cubes, immaculées et toutes pareilles, jusqu'à la ville elle-même sorte de maquette soignée et tirée au cordeau où rien ne dépasse et où des vélos futuristes la parcourt en toute discrétion !
Ensuite, la description de cette société et de son mode de vie, sans renverser le genre, est un petit régal pour l'œil et pour les idées trouvées...
De plus, cette histoire de passation afin de faire de Jonas (Brenton Thwaites) le nouveau "dépositaire de la mémoire" est bien pensée et fonctionne plutôt bien même si un certain lyrisme un peu appuyé est mis en place. Et au fond c'est aussi bien ainsi car justement, de ce monde carré, ordonné, géré, où l'amour, les émotions, le ressenti, sont bannis, on est en tant que spectateur complètement transporté quand le jeune élu s'éveille au contact de son passeur (de mémoire) doublé d'un sacré agitateur-perturbateur de pensée, interprété par Jeff Bridges !
Les images projetées et reçues à cette occasion par notre jeune héros (comme par le spectateur), sont assez émouvantes et la transformation qu'elles opèrent chez lui est très prenante.
Les procédés employés, tel ce passage en douceur du noir et blanc à de délicates couleurs et l'évolution de Jonas par sa façon de regarder autrement les siens, sont emprunts d'une grande sensibilité !
Bien sûr, on pourra tiquer sur cette philosophie un peu facile, mais le fond de cette fable fait réfléchir plus que je ne le pensais...
Et s'agacer peut-être d'une fin un peu tirée par les cheveux quoique pas si mal imaginée non plus et efficace elle aussi !
Mais grâce à un certain charme ouaté qui nous enveloppe dès le début, on prête à cette réalisation de Phillip Noyce, une certaine indulgence car elle n'a en fait rien que les quelques défauts de... ces qualités !
Une science-fiction douce et légère bien agréable loin d'être si caricaturale comme certains l'ont un peu trop facilement dénoncé en réduisant ce film à un presque navet !?