En 1914, à la veille du génocide arménien, le grand-père du réalisateur Mathieu Zeitindjioglou procéda à la "turquification" de son nom. De Zeitounjian, il devint Zeitinjioglu (un nom qui, une fois francisé, donne Zeitindjioglou). Ce changement lui a permis d'échapper au génocide. Un siècle plus tard, son patronyme a donné son titre au film : Zeitounjian signifie Le Fils du marchand d’olives en arménien.
C'est la femme du réalisateur Mathieu Zeitindjioglou, Anna Zeitindjioglou, qui l'a poussé à découvrir ses origines arméniennes et à initier ce voyage en Turquie. Jusque-là, le cinéaste avoue avoir "refoulé" tout ce qui concernait ses origines.
Road trip, film d'investigation, documentaire historique et... film d'animation. Mathieu Zeitindjioglou a choisi de réaliser certaines séquences du Fils du marchand d'olives grâce à ce procédé inattendu. Il nous explique pourquoi : "Mes origines arméniennes restaient pour moi comme quelque chose d’irréel, comme un conte pour enfant. (...) Dans la culture arménienne, peuple de marchands voyageurs, le conte revêt une importance culturelle et initiatique particulière. C’est aussi son universalité qui m’a intéressé car elle permet de s’adresser à tous, grands et petits, sur un sujet difficile à aborder… C’était une façon de rendre honneur à mes origines et à celles de mon grand-père. J’en ai fait une sorte de fable imaginaire, en essayant d’être le plus proche de la vérité. C’était une bonne manière de traiter ce sujet tabou, et, en même temps, de l’alléger."
C'est l'acteur Jean-Claude Dreyfus qui prête sa voix à la partie animée du Fils du marchand d'olives. Mathieu Zeitindjioglou précise : "(...) c'est est un ami avec qui j’ai travaillé sur plusieurs projets et j’aime la texture de sa voix. Elle correspondait totalement à l’identité du conte, un peu ironique."
En filmant Le Fils du marchand d'olives en Turquie, Mathieu Zeitindjioglou et Anna Zeitindjioglou se sont exposés à l'Article 301, un texte de loi datant de 2005 qui interdit le dénigrement public de la nation turque. Le réalisateur rapporte qu'il est ainsi "interdit de critiquer Atatürk et la République, de parler du génocide, [ou] même de prononcer ce mot."
Le Fils du marchand d'olives est la première pièce d'un cycle plus large voulu par son réalisateur Mathieu Zeitindjioglou. Il s'agit pour lui du "premier film d’une série de cinq films sur des problématiques universelles, des problèmes de société. Là, je travaille sur la suite…"
Le Fils du marchand d'olives a reçu le prix du Meilleur documentaire au "Pomegranate film festival de Toronto", le prix spécial du jury au "Reanimania film festival de Yerevan" ainsi qu'une mention d'honneur au "Los Angeles Film and Script Festival".