Ron Howard, j’y voyais juste un tâchon gentillet, un artisan sans histoire, un type qui enfile les commandes, mais prend garde à toujours s’en tenir à de l’impersonnel. Et puis vient Rush, et il y a comme un grain dans l’engrenage. Non qu’on n’ait là l’inattendu chef d’œuvre d’un génie incompris. Mais en suivant la route des légendes des circuits, de ces années mythiques pour les sports mécaniques, où chaque course pouvait être fatale aux fous du volant qui y prenaient part, ce cinéaste qu’on croyait connaitre nous assène un virage serré. Sous parrainage Nikki Lauda, extrêmement bien documenté, son duel en images entre deux têtes brûlées – oui, et elles courent toujours – surprend par son inspiration. Caméras embarquées, rapprochées, à raz du brûlant bitume, usage de filtres, de split-screens et de ralentis, bon, ce n’est pas du Tarantino mais quand même, on n’avait jamais vu Cunningham à une pareille fête. Surtout, que dire de son scénario, offert généreusement par Dame Nature et la FIA, qui dissuaderait la moindre idée d’infidélité : de la vitesse, une rivalité, du risque, de l’imprudence, une tragédie, cette saison 76 avait tout. On savoure l’opposition d’Hemsworth et Brüehl, faite d’inconscience et de divergences, et on se laisse emporter par ce divertissement léché, rythmé, accrocheur. Allez Simone, ou qu’importe comment vous vous appelez, maintenant en voiture.