Dans Into The Abyss, Werner Herzog a fait le choix de rencontrer des condamnés à mort peu avant leur exécution. Parmi eux, Michael Perry, l'un des trois accusés impliqués dans une affaire de triple meurtre, livre une interview au cinéaste, huit jours avant sa mort. C'est le seul entretien qui existe de lui.
Dans l'affaire de triple meurtre à laquelle s'intéresse Werner Herzog, deux coupables ont été identifiés puis condamnés. Mais tandis que le premier, Michael Perry, a écopé de la peine capitale, le second, Jason Burkett, a eu plus de chance : face aux lourds antécédents de son père et de ses frères, tous toxicomanes et délinquants, l'accusé a bénéficié de la clémence des juges, qui ont épargné sa vie au profit d'une peine de prison à perpétuité.
Si le film se penche spécifiquement sur une affaire précise et recueille les témoignages des personnes qui y sont reliées, le documentaire fait également office de constat sur un univers carcéral obscurantiste où règnent la violence et l'illettrisme, s'imposant comme le reflet d'une Amérique arriérée où se rencontrent des destins abîmés par la vie.
Si le cinéaste Werner Herzog affirme ne pas être un farouche activiste, il se positionne cependant contre la peine de mort en référence à la propre histoire de son pays. Selon lui, aucun état ne devrait détenir le droit de vie et de mort sur ses citoyens. "Je n'ai pas d'argumentaire à proposer, mais une histoire, celle de la barbarie de l'Allemagne nazie. (...) Aucun Etat ne devrait pouvoir s'arroger le droit, sous aucun prétexte, d'exécuter un être humain. Point final", déclare-t-il catégoriquement. Mais afin qu'aucune ambiguïté ne plane sur son film, le réalisateur tient également à préciser qu'il n'excuse en rien les crimes qu'ont commis les accusés qu'il a suivis pour les besoins de son documentaire.
On savait déjà qu'il existait des groupies de rock stars, mais le documentaire de Werner Herzog met en lumière un autre phénomène : de nombreux prisonniers entretiennent des correspondances avec des femmes, et certains d'entre eux rencontrent même l'amour, allant jusqu'à se marier derrière les barreaux comme l'a fait Jason Burkett. Il semblerait que certaines femmes soient attirées par le danger !
Parmi tous les témoignages recueillis pour les besoins du film, Werner Herzog a rencontré Fred Allen, un ancien bourreau qui a démissionné après des années de service : suite à une grave dépression nerveuse, Allen s'est retrouvé dans l'incapacité physique et mentale de retourner dans la maison d'arrêt, alors même qu'il était jusqu'ici partisan de la peine de mort. De cette manière, le cinéaste souhaitait montrer que l'exécution sommaire d'individus est un acte contre-nature.