Pixar est un studio assez renommé pour nous sortir des chef-d'œuvre, parait-il. Oui, parait-il, puisque avant 2015, je n'avais jamais vu dans aucun de ses films un chef-d’œuvre. Même si Wall-E ou Là-Haut s'en rapprochaient, un petit quelque chose me stoppait.
Là je sens que la moitié d'entre vous sont partis.
Bref, 2015 est arrivé, avec non pas un mais deux Pixar. Le premier, Vice-Versa, a été un excellent succès critique et commercial, dans lequel j'ai enfin vu un chef-d’œuvre comme je les ressens.
Puis derrière ce gentil petit mastodonte, est arrivé le film, tout timide qu'il est, du Voyage d'Arlo.
On passera outre la première séance où j'en suis ressortie déçue pour cause de non acceptation d'une certaine vision de l'équipe du film, et l'on va se concentrer sur la deuxième séance.
Comme toujours, une critique reste subjective, et je vais essayer d'expliquer le mieux possible les pourquoi des comment avec des spoilers. Vous êtes prévenus.
Je vais donc commencer en parlant du visuel, et plus particulièrement des décors.
…
Qu'est ce que je dois dire ? Hormis que c'est particulièrement magnifique ? D'autant plus qu'ils sont diversifiés, on passe d'un décors de ferme à une montagne, des forêts de sapin, une étendue de glace, des plaines... De toutes les couleurs et toutes les formes.
Et puis, il y a une telle façon de nous montrer ces décors... Arlo est perdu, il regarde de tous côtés, on nous montre donc des images furtives des paysages, mais juste assez pour en prendre pleins les mirettes. Il y a une telle réalité que c'en est bluffant.
D'ailleurs, on peut voir la différence entre ces décors réalistes, à couper le souffle, et ceux de Dragon 2, qui restent extrêmement beau, mais gardent quand même quelque chose... le mot terne est trop fort, mais ces paysages n'en restent pas moins irréalistes.
Après les décors, les personnages.
Le visuel cartoonesque des dinosaures a été assez décrié, et j'étais l'une de ceux qui trouvaient ça étrange. Alors oui, on dirait des dinosaures dessinés par un enfant, toujours est-il que je me suis habituée, voir ai trouvé ça joli. Arlo et sa famille, Ramsey, Forrest, Coup de Tonnerre, tout ça passe. J'ai juste du mal avec Butch, Nash, et les raptors à cheveux.
Ce qui est bien, c'est que ces design originaux se fondent extrêmement bien dans les décors réalistes. On n'est pas surpris de voir Arlo, tout rond qu'il est, interagir avec un arbre quasiment vrai.
Les textures et couleurs sont aussi superbement réalisées. On sent l'avancée technique, et les couleurs vertes, oranges, violettes, blanches, qui, énumérées comme ça passeraient pour une blague, rendent vraiment bien sur leurs personnages.
Parlons ensuite du scénario.
La plupart des choses que j'ai lu c'est : « un scénario peu inventif, banal ».
Pardon ?
Attendez, nous parlons de la boîte qui parvient à créer des aventures magnifiques avec l'arrivée d'un nouveau jouet, le déménagement d'une famille, un petit poisson péché, une course de voiture... Et le voyage initiatique d'un dinosaure qui rencontre un humain est peu inventif ?
Alors, oui, dans la morale qu'il propose, il n'en reste pas moins banal, mais un film, sous prétexte qu'il vient de Pixar, doit-il réellement contenir quelque chose d'inventif, de renouveau ?
On va donc reprendre le synopsis : ''Et si la catastrophe cataclysmique qui a bouleversé la Terre et provoqué l'extinction des dinosaures n'avait jamais eu lieu ? Et si les dinosaures ne s'étaient jamais éteints, et vivaient parmi nous de nos jours ? Arlo, jeune apatosaure (bouh l'incohérence) au grand cœur, maladroit et craintif, qui va faire la rencontre et prendre sous son aile un étonnant compagnon : un petit garçon sauvage, très dégourdi, prénommé Spot.''
Je n'ai rien contre le scénario. Vraiment. Le pitch de base est génial, l'amitié entre Arlo et Spot est génial. Et puis, on parle quand même d'un film qui m'a fait pleurer quatre fois, dont trois fois avec des éléments inclus dans les péripéties, c'est fort.
Le scénario contiendrait du plagiat.
Ah ?
Personnellement, hormis l'orage qui m'a fait penser à celui de Bambi, parce que je venais de voir le film, rien ne m'a fais penser à d'autres films, en tout cas je n'ai pas vu de plagiats honteux. La marque, au lieu de me faire penser à Frère des Ours, me rappelait plutôt qu'aujourd'hui, on retrouvait beaucoup d'empreintes de dinosaures fossilisés. Plagiat des Croods, parce que évidemment, si un personnage agit comme un chien, ça rappelle Sandy. J'ai tout une liste de films plagiats comme ça, mais je vais arrêter là. Pourquoi accuser de plagiat ? Pourquoi la Reine des Neiges n'a-t-elle pas été accusée de plagier les 5 Légendes ? Pourquoi Big Heros 6 n'a-t-il pas été accusé de copier Iron Man ? De nos jours, il est difficile d'avoir de nouvelles idées vu qu’elle ont pour la plupart déjà été utilisées.
J'ai d'ailleurs bien aimé la façon dont Arlo a été séparé de sa famille. Je ne m'attendais pas à ce qu'il tombe juste par la faute de Spot, mais c'est bien trouvé.
Bref, dans l'histoire, on a donc des personnages (sans blague). Je m'attarderais peu sur Arlo et Spot, qui forme un duo vraiment touchant, et apprennent à se connaître probablement à cause de la mort de leurs parents, gros point fort. La scène des brindilles est vraiment éblouissante. Pas besoin de parole, laissons faire les gestes et la musique. Enfin, si, une phrase est importante, et je remercie les traducteurs français de l'avoir légèrement modifiée : lorsqu'Arlo dit « Tu ne peux pas comprendre » (en anglais « You don't understand »). L'anglais voudrait dire qu'Arlo voit que Spot ne comprend rien à ce qu'il raconte, alors que le français signifie que Spot ne peut pas comprendre puisqu'il n'a pas de parents. Cette scène est admirable en touts points de vue.
Autre personnage important : le père d'Arlo, Hery. Un père aimant, mais quand même dur. Il tente de faire vaincre ses peurs à Arlo d'un manière douce, et ensuite de manière beaucoup plus dure. Sa relation avec son fils est très bien écrite, et la première scène des lucioles est vraiment belle. Là encore, seuls le visuel et la musique comptent, mais je revois à chaque fois la scène avec une fascination étonnante.
Les trois T. rexes, Butch, Ramsey et Nash, personnages secondaires que l'on ne voit certes qu'un court moment, sont tout de même important. Je reprendrais la descriptions de The_Housecoat_Man (hop un créditt), mais ils sont un miroir de la famille d'Arlo : un père travailleur, une fille intelligente et un gars un peu brute. Leurs cicatrices représentent les empreintes dans la famille d'Arlo, et celui-ci parvient à réaliser sa tâche avec eux et à avoir lui aussi sa cicatrice. Il parviendra aussi à comprendre que la peur fait parti de la nature et qu'il est normal de l'éprouver.
Les ''méchants'' du film, les ptérosaures (il y en a quatre espèces, je ne vais pas m'amuser à tous les citer) permettent eux-aussi à Arlo de surmonter ses peurs. Il y parvient à moitié une première fois avec les T. rexes, une deuxième fois seul. Là encore, le parallèle avec les tyrannosaures est pas mal.) D'ailleurs, Coup de Tonnerre est quelqu'un qui n'a peur de rien. Ce n'est pas explicitement montré, mais peut être Arlo a-t-il vu ce qu'il pourrait devenir s'il abandonnait complètement sa peur. Enfin, La mise en scène de leur deuxième apparition est foutrement bien faite et inquiétante.
Dernier personnage secondaire important, le Collectionneur. Il sert à trouver le nom de Spot, et... Bon d'accord, c'est tout ce qu'il fait, mais je dois avouer l'avoir trouvé plutôt drôle.
Il reste, bien sûr, quelques de personnages tels que Buck, Ida, Libby, les cheveuraptors, mais ils n'ont pas une réelle importance dans l'histoire.
Enfin, dernier point, la musique.
J'ai aussi eu du mal avec. Les sonorités westerns, très peu pour moi. Mais finalement, je m'y suis faite, et c'est un très beau morceau que nous ont offerts Mychael et Jeff Danna. La musique est tellement touchante qu'elle m'a fait pleurer a deux reprises. (oui oui, je n'ai fais que pleurer durant ce film).
En bref, j'ai bien fait de ne pas me contenter du premier visionnage décevant. Le film, bien que visuellement enfantin, regorge de choses beaucoup moins enfantine (la dureté du père d'Arlo, la petite bestiole toute mignonne mangée par les ptérosaures, la scène des brindilles plutôt dure à comprendre...).
Cette année 2015 m'aura donc offert non pas un, mais deux chef-d’œuvre made in Pixar. Et même s'il ne figure pas dans mon top 10 (y a plus de place), je les ai tout autant aimé l'un que l'autre.