Tentative rare de fantastique à la française dans les années 80, il y en a eu quelques autres, pas toujours des réussites d’ailleurs, mais Le Démon dans l’île fait figure de haut du panier, et je dois dire que c’est en effet le cas, même si le scénario reste redondant, et que le rythme plutôt mou finissent parfois par agacer.
En effet le métrage suit une trame finalement très linéaire jusqu’à sa chute attrayante. Un accident, des interrogations, puis re-accident… le tout entrecoupé de quelques flash-backs pour intriguer, mais au bout du compte par son manque d’enjeu et ses redondances Le Démon dans l’île n’a pas une narration des plus séduisantes. Il en résultera pour les moins convaincus un certain ennui, ce qui sera sans doute doublé par le rythme assez lent de l’ensemble, et par quelques scènes un soupçon lourdingue dont aurait pu se dispenser Leroi. Néanmoins dur de ne pas aimer par d’autres aspects, notamment le final très réussi, une gravité de ton et un sérieux d’excellent aloi, et une intrigue insulaire plutôt originale sur fond de télékinésie.
Le casting est emmené par Anny Duperey qui hérite du rôle principal, entouré de seconds rôles de bon niveau. Elle surjoue parfois un peu, c’est aussi le cas de certains seconds rôles, mais dans l’ensemble il est rare, dans un film fantastique français des années 80 d’avoir une telle distribution, aussi inutile de bouder son plaisir ! D’autant que Brialy lui est très bon, sobre et efficace. Les personnages ne manquent pas de consistance aussi, et surtout Leroi réussit un petit exploit en maniant beaucoup d’acteurs et de rôles différents, ce qui rend bien le sentiment de petite communauté, mais qui aurait vite pu devenir le grand bazar.
Visuellement c’est très propre. On retrouve le style Leroi, lequel se rapproche souvent de Jean Rollin d’ailleurs. Photographie vaporeuse et élégante, décors soignés avec ici quelques beaux paysages de bords de mer, le tout avec un budget que l’on imagine restreint. La mise en scène est de qualité, même si certains passages sont un peu brouillons, souvent dans les scènes horrifiques d’ailleurs. Mais elles font plutôt mal, avec peu de choses finalement. Pas de débordements sanglants, mais c’est bien méchant, parfois gentiment sadique et ça marche. Musicalement la bande est raffinée, à l’image du reste du film en fait, mais un peu neutre et discrète.
Le Démon dans l’île est une belle tentative de Leroi loin de son registre le plus habituel. Il prouve qu’il a des qualités certaines de cinéaste, et il aurait été appréciable de le voir davantage s’amuser dans ce genre, surtout à une époque où ce n’était pas du tout de coutume en France. 3.5