La première chose qui interpelle dans ce documentaire c'est l'omniprésence du Français: Français parlé chez les intervenants (avec un très bon accent qui plus est), sur les slogans lors des manifestations (le fameux "dégage" repris à toutes les sauces) , sur les murs de la ville... à tel point que l'on fini par se demander si l'on est bien en Tunisie ou dans un quartier bobo Parisien.
Outre cette incongruité, Nadia el Fani (se déclinant tantôt comme la fille d'un Musulman tantôt comme celle d'un d'athée communiste...) nous expose une Tunisie gangrénée par l'Islamisme radical, une société rongée de l'intérieur par un fanatisme religieux propre à entraver celles et ceux n'ayant pas le désir de se conformer aux préceptes Coraniques.
Véritable démonstration d'une problématique personnelle se pensant universelle (et ce malgré les techniques habituelles de manipulation par le montage), le documentaire s'efforce d'entériner son propos à grand renfort de voix off ou de mise en scène (les déclarations ostensiblement polémistes face caméra d'El Fani visiblement déçue de ne pas engendrer de réactions vives), contredit malgré lui par une absence flagrante de péril dans les faits (comment ne pas s'interroger sur l'affaire face à une bande de jeunes, hommes et femmes, mangeant et fumant allègrement en plein ramadan tout en poussant la chansonnette sur fond de "bye bye les fêtes sur la plage"!!
En cela, tout concours à dégonfler le postulat de départ, la problématique religieuse n'existant visiblement que dans la tête de cette militante financée par le Ministère des affaires étrangères Français (devoir d'ingérence sans doute), pour preuve la facilité avec laquelle elle "transgresse" une loi imaginaire (dixit un intervenant: il n'y a pas d'interdiction législative gouvernementale de manger pendant le ramadan!) ou comment prendre le spectateur pour un gogo en lui présentant des vendeurs d'alcool (interdit dans l'Islam) expliquer sans rire qu'ils ferment leur commerce pour cause de jeûne, ou encore cet individu expliquant très sérieusement la clope au bec que ne pas manger est mauvais pour le bien être du travailleur (la cigarette par contre est très recommandée!!) sans oublier bien sûr la malhonnêteté du procédé qui confond bien facilement la négation du droit à l'image avec celle de la "peur des représailles" pour les non jeûneurs (l'intrusion de la réalisatrice et son équipe dans un bar, filmant les gens présents tout en affirmant ne pas le faire!
Militantisme malsain prêt à toutes les bassesses pour justifier la cause, Nadia El fani ajuste le cadre de son objectif pour mieux le faire correspondre à sa propagande politique (affirmant d'un coté que seuls les hommes peuvent aller à la plage car les femmes sont à la maison pour faire à manger, propos infirmé plus tard par des plans montrant des hommes et des femmes s'amusant au bord la mer!!!) telle "la fifille" à son rebelle de Papa (voir le documentaire "Ouled Lenine") dans la digne lignée de ces petits bourgeois Parisiens actifs au sein de collectifs divers et variés, engagés uniquement pour émuler leurs ex Soixante huitards de parents (une figure du Che sur le T-shirt) ne traduisant en vérité que le vide intersidéral de leur revendication de caste (Pas un intervenant dans ce film qui ne soit issu des couches populaires!) induisant par la même, au passage, la notion de "réseau".
On s'étonnera également de l'absence de toute forme d'indication temporelle (le spectateur déduisant au gré des interventions le contexte avant/après la chute de Ben Ali) Nadia El Fani révélant malgré elle la supercherie de son sujet (qui consistait à faire croire que la Tunisie d'avant la révolution était une quasi Dictature Islamique) en déclarant: "avant la chute de Ben Ali ce n'était pas les Islamistes qui tenaient le haut du pavé!"
Pourquoi avoir induit le contraire pendant 1h30 si c'est pour regretter la situation d'avant?
Quid de la tartufferie d'une marionnette politique qui, malgré sa prose égalitariste, n'a d'autre vocation que de servir des intérêts obscurs (à noter le timing impeccable entre la mise en chantier de ce documentaire commandé depuis la France et la chute du gouvernement initialement mis en place par ceux là même qui l'on fait tomber!), déclinant son droit à la différence tout en appelant de ses voeux une Tunisie laïque, commençant d'abord en revendiquant le droit de ne pas croire jusqu'au jour où au nom de cette même laïcité on interdira le voile à celles qui justement croient! (ce qui était déjà le cas sous Ben Ali où l'on dévoilait les femmes et rasait les hommes de force, n'en déplaise à cette mythomane!
Au final, quel que soit l'avenir de la Tunisie (la démocratie n'est elle pas la volonté du peuple, fût elle religieuse?) il incombe de rappeler que malgré la supercherie de ce truc, la liberté c'est encore de choisir sans entrave ce que l'on veut et pas de se conformer aux volontés énoncées par des puissances étrangères comme l'affirme très bien cet anonyme lors de la conférence de fin: "on est pas obligé de prendre le modèle Français".
Une vérité qu'il serait bien de prendre en compte...