J'ai surtout été voir ce film parce qu'il s'agit, apparemment, du dernier rôle de Philip Seymour Hoffman. Il est d'ailleurs assez particulier de voir son interprétation en étant conscient qu'il est mort peu après ; on imagine qu'il a pas mal souffert pour arriver à ce résultat.. C'est un peu le même sentiment que j'avais eu avec Heath Ledger en Joker.
Bref, c'est un grand acteur qui nous quitte, et cette performance est une nouvelle fois grandiose (sa dernière scène m'a littéralement laissé sans voix). Et pour rester dans le casting, Rachel McAdams a rarement été si jolie, et est très convaincante en avocate idéaliste ; Willem Dafoe est bon en banquier aussi, et l'acteur qui joue Issa s'en sort très bien avec un personnage complexe, très mystérieux. Petite fausse note, quand même : tous les personnages espions, qu'ils soient allemands ou américains, se parlent anglais entre eux, en forçant parfois un accent allemand.. Pour un film qui se veut réaliste, ça coince un peu.
Pour le reste, c'est un film d'espionnage typique John Le Carré (dans la lignée de La Taupe, en plus simple). Sans révolutionner le genre, l'intrigue est efficace et offre un ancrage intéressant post 11 septembre, à propos de la circulation contrôlée, de la paranoia grandissante et des surveillances acharnées. Il y a un parallèle très intéressant entre les personnages de Issa, le réfugié soupçonné, et l'espion joué par Seymour Hoffman. Deux personnages dans deux camps différents, mais qui se ressemblent dans une certaine "déshumanisation". Il y a aussi cette question intéressante des différents espions (allemands, européens, américains) incapables de travailler dans la même direction pour lutter contre le terrorisme.
Anton Corbijn réalise tout ça de manière classique mais efficace, avec Hambourg comme personnage à part, ville monde où se croisent toutes les nationalités.
Bref, un film d'espionnage contemporain réussi même s'il n'invente rien. Et on recherchera sans doute longtemps un acteur de la trempe de Philip Seymour Hoffman