Sans le décès récent de l’acteur Philip Seymour Hoffman, «Un homme très recherché» aurait probablement été mis en avant comme le 3ème long métrage d’Anton Corbijn. Sept ans après «Control», et quatre après «The American», porté par un George Clooney constant, mais balisé dans son jeu, le réalisateur revient au cinéma par la porte du film d’espionnage.
De facture classique, le long métrage prend le temps d’installer un climat intriguant dans un décor européen, décor qui s’accorde à une esthétique qui peut parfois être repoussante de part son style épuré, si la photo de Benoît Delhomme venait porter l’entité du film à un échelon supérieur. A ce titre, les scènes d’intérieurs sont magnifiques. L’aspect « vieille Europe » est mis en avant quand la photo, elle, apporte une ambiance anachronique. Nous ne sommes bien sûr pas dans les années 70 mais l’intention est là et le sujet s’y prête.
L’intensité se forge alors autour d’un univers précis, composé de personnages bien en place. Si nous sommes loin de la réussite de « La taupe », film récent au plus proche reflet, l’ensemble du casting offre une jolie crédibilité au récit. En tête, bien sûr, le défunt Philip Seymour Hoffman, qui par son charisme naturel compile à nouveau à son panthéon de rôles, une prestation précise et très prenante. A tel point que dans ses dernières minutes on sent presque l’homme, la bête blessée au-delà du jeu du comédien. Il apporte à son personnage tout le charisme nécessaire à la crédibilité du récit, qui sans être alambiqué, peine cependant à sortir d’un classicisme marqué et d’une mécanique déjà-vu.
Il ne faut donc pas attendre de cette adaptation de John Le Carré un film d’une ampleur majestueuse, mais plutôt miser sur la solidité d’un tempo calibré, comme celle d’un suspense soutenu.
On retiendra donc la beauté de certaines séquences qui en terme de découpage prouve que l’action n’est pas uniquement dédiée à la pyrotechnie où aux effets épileptiques de réalisateurs clippeurs, et un Philip Seymour Hoffman qui transfère toujours au-delà du jeu, un caractère marqué à chacun de ses personnages.
«Un homme très recherché» s’en être le thriller d’espionnage ultime, offre une nouvelle fois le plaisir de voir le talentueux M. Hoffman dans un film où la question de la politique internationale semble bien mise à mal derrière une fois le rideau tiré.