Les affres de la création constituent un thème récurrent de la littérature mais ont rarement été utilisées comme sujet central au cinéma. Reste donc comme films étalons, "Shining" de Stanley Kubrick (1980) où le Jack Torrance de Jack Nicholson se laissait engloutir par l'immensité de l'Overlook, hôtel vide, perdu dans la montagne dans lequel il espérait accoucher d'une créativité jusqu'alors stérile et "Barton Fink" l'essai fantastico-délirant des frères Coen à propos de la panne créative d'un scénariste tâcheron (John Turturro) à la solde des grands studios hollywoodiens, multi récompensé à Cannes en 1991. Difficile en effet de donner corps par l'image aux tourments qui assaillent celui qui se confronte à la page blanche. Un défi certes ardu mais tout à fait à la dimension d'Albert Dupontel que rien n'effraie vraiment. Huit ans après les deux frangins, l'iconoclaste français se met au travail avec Gilles Laurent pour rédiger le scénario du "Créateur" qui empruntera la même veine fantastique que "Barton Fink" tout en étant moins ancré dans un univers spécifique. Darius (Albert Dupontel) auteur de théâtre à succès tombé dans tous les pièges de la célébrité se voit obligé de subir une cure de repos drastique. Six mois plus tard, il découvre de retour à Paris que les murs sont remplis des affiches annonçant la sortie prochaine de sa nouvelle pièce. Le problème est qu'il n'en a pas écrit une ligne. De manière remarquable, l'incipit offre un cadre idéal à l'angoisse qui va saisir un Darius déjà très fragilisé. A partir de saynètes qui ressemblent à des mini-sketches, Dupontel montre comment le cercle vicieux se met en place, conduisant le pauvre Darius jusqu'aux pires extrémités pour enfin apporter ce que tout le monde attend de lui. A l'inverse de celui de Darius, l'esprit fertile "dupontelien" n'est pas en panne d'inspiration qui convoque tous les sentiments et personnages qui se greffent autour d'une angoisse lancinante qui donne le là à cette descente aux enfers délirante. Darius a beau être entouré, c'est toujours seul qu'il se retrouve face à son micro pour affronter le néant qui désormais lui tient place d'imaginaire. Le pire des remèdes lui sera suggéré par l'actrice de la pièce comme une sorte de pacte de Faust passé entre Darius et son imagination perdue. Entouré d'un quintet d'acteurs formidable composé de Nicolas Marié, Michel Vuillermoz, Claude Perron, Philippe Uchan et Michel Fau, l'acteur-réalisateur est en pleine maitrise de son sujet parvenant à tenir la dragée haute aux deux films références précités grâce à un savoureux mélange de noirceur et de loufoquerie qu'il est un des rares en France à pouvoir rendre cohérent. Ce n'est pas pour rien que Terry Jones un des membres de la troupe nonsensique des Monty Python a tenu à participer à la réjouissance en occupant ni plus moins ni moins la place du Dieu créateur. Assurément. "Le créateur" n'a pas été salué comme il le devait par une critique française dont on sait qu'elle se réjouit davantage des films déjantés quand ils émanent de réalisateurs étrangers.
Si le film démarre lentement, il monte en puissance pour nous livrer du pur Dupontel! J'ai littéralement pleuré de rire lors d'une des scènes et me suis rapidement laissé prendre au jeu. Je le recommande grandement aux fans de Dupontel!
Albert Dupontel et son univers à part, hérité en partie des Monty Python, constitue un rafraîchissement de premier ordre pour le cinéma français. "Bernie" en avait déjà donné un aperçu mais "Le Créateur" sorti en 1999 en livre la confirmation. Malgré ses qualités et son statut d'oeuvre culte, "Bernie" faisait office d'essai coup de poing encore un tantinet immature ; un film d'enfant terrible en quelque sorte. "Le Créateur" est clairement le film de la maturité déjantée, où le cinéaste montre sa redoutable intelligence. personnage de névrosé complet, dont les élucubrations constituent de véritables performances d'acteur. film passionnant sur l'artiste et le processus de création souvent effroyable qui l'accompagne. Cynique, mordant, l'un de ses meilleurs films !
Désolé, je n'ai pas accroché du tout, pourtant je suis fans de l'humour décalé , l'humour noir propre à Dupontel. Est ce parce que ce n'est pas son film, parce qu'il n'en est pas le réalisateur ? L'absurdité quasi omniprésente tient tout juste éveillé le spectateur devant son écran , curieux, attentif , on attend la poilade promise mais l'ensemble frise l'ennui. Non "Le créateur" n'est pas un bon film malgré l'excellent jeu de Dupontel et d'une poignée d'acteurs visible à l’écran, peut être le scénario est il trop sectaire, exclusif ..mauvais ? Un film à oublier !
J'aime pas Albert Dupontel mais j'adore sa mise en scène ! A chaque plan, on retrouve sa patte, à chaque scène, on jubile devant cette maîtrise totale : une leçon du genre. Malgré un scénario moyen (avec un joli twist final), on retiendra des performances abouties ( Michel Vuillermoz, Philippe Uchan,...) et des scènes mémorables.
Albert Dupontel nous a habitués depuis sa toute première réalisation "Bernie" à des films comiques et bourrés d'humour noir. Même si avec "Le Créateur" le résultat est un peu moins efficace, notamment à cause de baisses de rythme et de scènes de qualité parfois très inégales, ce long-métrage reste dans la veine acide et acerbe de ses débuts avec un scénario qui déjà au départ paraît bien fantasque, puis part complètement en vrille et nous offre quelques moments de bravoure savoureux. On y retrouve une partie de sa famille d'acteurs tels que Philippe Uchan, Claude Perron et Nicolas Marié et des personnages totalement disjonctés comme Darius, Victor, Simon et Chloé Duval qui amènent une folie toujours aussi bienvenue dans les films de Dupontel. Mais "Le Créateur" c'est aussi et avant tout une réflexion sur la création artistique en elle-même et ce que certains seraient prêts à faire pour endiguer la peur de la page blanche. Dupontel traite ce thème avec une férocité et un sens de l'autodérision salutaires au long-métrage, ce qui en fait, encore une fois, une réussite incomplète mais une réussite tout de même...
Avec « Le créateur », Albert Dupontel confirme son talent de réalisateur (et d'acteur) avec un deuxième film qui s'inscrit dans l'esprit de « Bernie », et qui va même encore plus loin dans le délire psychédélique. D'un sujet qui touche tous les auteurs (la page blanche, l'inspiration défaillante), le réalisateur créé une énergique comédie délirante en se mettant dans la peau de Darius, un écrivain raté devenu subitement un auteur de théâtre adulé, mais qui ne se souvient plus ni du nom, ni du contenu de sa prochaine œuvre. Et ce dernier va progressivement basculer dans la folie furieuse afin de pouvoir retrouver l'inspiration. Avec toujours son lot de répliques croustillantes, de situations déjantées, d'humour noir et de personnages loufoques, ce film constitue une très bonne comédie rafraîchissante dans le paysage cinématographique français du genre de ces dernières années. On y retrouve également l'inspiration des Monty Python, sentiment confirmé par la présence de Terry Jones, ami du réalisateur, dans le rôle de Dieu (rien que ça!). Ce qui est bien également avec le cinéma de Dupontel, c'est que l'on ne s'ennuie jamais, aucun temps morts dans ce film qui se savoure de la première à la dernière minute. Une belle confirmation pour ce réalisateur ainsi que pour sa partenaire à la vie et à la scène, Claude Perron, dont le jeu est toujours très juste.
Il ne s'agit pas du meilleur film d'Albert Dupontel, néanmoins, on y retrouve sans problème son univers que l'on aime tant. Le scénario manque parfois de rythme mais le grand Dupontel sait nous faire revenir sur les railles grâce à l'humour relativement particulier. A voir, mais préférez les autres... quand même.
C'est mon premier Dupontel que je découvre alors que pendant longtemps je n'étais pas attiré par ses films car je les prenais pour des comédies sans intérêt finalement à défaut de tomber sur une comédie extraordinaire il faut avouer qu'Albert Dupontel a vraiment un style et se distingue des sempiternelles comédies françaises fades avec en vedette un humoriste que l'on se tape depuis une dizaine d'années. Le Créateur est une façon décalée de montrer les affres de la page blanche pour un auteur, si Le Créateur manque de rythme et de scènes vraiment hilarantes il faut reconnaître que Dupontel est doué pour créer des situations absurdes et originales, une comédie qui se regarde sans jamais s'ennuyer et qui me donne envie de découvrir ses autres réalisations. De plus j'ai appris que Terry Jones était en fait Dieu.
"Bernie", "Le créateur", "9 mois ferme", si il fallait n'en garder que trois, ce serait sans conteste ceux là. Dupontel devrait sans doute être enfermé au fond d'une cellule capitonnée, mais sa schizophrénie est tellement jouissive...
Mais quel délire ! Des idées loufoques, souvent excellentes, au service d'un scénario improbable d'une grande originalité. Un discours misanthrope qui passe vraiment bien grâce à l'humour noir impitoyable de Dupontel. Les acteurs sont tous exceptionnels, avec une mention spéciale pour Nicolas Marié, juste hilarant, comme toujours. La B.O. grandiloquente convient parfaitement au thème de la folie des grandeurs du tout-puissant créateur. Le film est court et on n'a pas le temps de s'ennuyer, bien au contraire, ça n'arrête pas, même si c'est parfois un peu trop décousu. Jouissif. "Kenavo les bouseux !" :) spoiler: Le Monsieur : "Un monsieur se promène et rencontre un autre monsieur" la barre de rire !