Je le rappelle à chaque fois, mais cela ne fait jamais de mal de le redire : la saga Transformers a toujours été un plaisir coupable personnel. Même si chaque opus a été assassiné par la critique (comme la plupart des films de Michael Bay d’ailleurs, sauf le récent Pain & Gain), la série est pourtant un véritable défouloir sans prise de tête et incroyablement spectaculaire, qui délivre tout un lot d’effets pyrotechniques à couper le souffle (le 2 possède à son actif la plus impressionnante explosion jamais réalisée pour un film). Du Michael Bay, quoi ! Mais maintenant, il faut voir si ce Transformers : l’Âge de l’Extinction mérite sa place dans cette saga prolifique de la Paramount.
Cinq ans après les événements de Chicago, tous les Transformers, qu’ils soient Autobots ou bien Decepticons, sont devenus des parias, chassés par les humains qui en ont marre de devoir vivre leurs batailles dévastatrices. Et alors qu’une unité d’élite traque les derniers fugitifs sur Terre, un simple inventeur, Cade Yeager (Mark Wahlberg), déniche un vieux camion qui se trouve être Optimus Prime (Peter Cullen / Jacques Frantz). En le réveillant, Cade va attirer les foudres de la CIA et mettre sa fille Tessa (Nicola Peltz) en danger. Pour s’en sortir, il va devoir accompagner Optimus dans sa quête et affronter une nouvelle menace qui pèse sur la planète.
Avant toute chose, il faut savoir que Michael Bay voulait s’arrêter au troisième opus. Qu’il n’était alors pas question pour lui d’en faire un quatrième. Alors pourquoi ce retour ? Tout simplement pour le financement de son Pain & Gain (No Pain No Gain… le ridicule des titres VF…) via la Paramount. En effet, la production a établi le contrat suivant : donner son feu vert pour ce film indépendant, en échange de la réalisation de ce nouvel opus Transformers. En somme, bien que Bay n’ait jamais caché son côté « gamin mégalo » pour cette saga, on lui a tout de même forcé la main pour qu’il s’occupe de ce Transformers-là. Et en voyant le film, ça se voit un peu, malheureusement.
Michael Bay est surtout connu pour ces séquences d’action et de dévastation à l’ampleur démesurée et à l’énergie folle, alliant ralentis et montage hystérique, transformant ses films en clips pour ados. Et nous offrant de l’adrénaline à tout-va ! Surtout que pour chaque opus, le réalisateur n’a fait qu’améliorer sa façon de filmer les combats titanesques entre Autobots et Decepticons, devenant plus fluides, lisibles et agréables à regarder. Jusqu’au 3, qui nous offrait un final ahurissant qui a pour seul rival le dénouement d’Avengers, c’est pour dire ! Ici, Bay met les bouchées doubles (si si !!) pour livrer les séquences les plus spectaculaires de la saga (une simple explosion fait dresser l’échine, les effets spéciaux sont toujours aussi grandioses). Malheureusement gâchées par un manque de panache dû à l’envie de Bay de faire autre chose que du Transformers. La faute à un montage un peu trop posé et une bande originale décevante (pas de musiques mémorables, le combat final parasité par le groupe Imagine Dragons). Bay à assurer qu’il s’agit-là de son dernier Transformers, et on veut bien le croire car on sent comme un début de désintéressement envers la série!
Pourtant, même s’il ne semble pas aussi emballé par ce quatrième film que par les précédents, cela ne l’empêche pas de démarrer cette nouvelle trilogie comme il se doit. À commencer par le changement de personnages, qui apporte tellement à cette suite, qui possède alors bien plus des airs reboot qu’autre chose. Fini les mésaventures adolescentes et sentimentales de Shia LaBeouf, faites place à l’esprit paternel d’un Mark Wahlberg en très grande forme et qui s’éclate véritablement (il est même bien plus charismatiques que son prédécesseur) ! Un renouvellement bienvenu, d’autant plus que ces nouveaux protagonistes se trouvent être très attachants et arrivent à faire passer la pilule d’une très longue introduction. C’est sûr, beaucoup pesteront contre ce prélude qui dure et qui dure. Mais c’est excusable : nouveaux personnages qui demandent à être présentés, une nouvelle trame qui nécessite une mise en place plus pointilleuse tout en reprenant ce qui s’est passé dans les films précédents…
D’ailleurs, contrairement à la première trilogie où chaque film pouvait se montrer indépendant des autres (aucun d’eux n’avait une fin qui annonçait une suite), ce quatrième opus est construit comme la première partie d’une toute nouvelle aventure. Permettant ainsi l’introduction progressive de nouveaux robots (dont les fameux Dinobots) et de trames scénaristiques vraiment intéressantes pour le devenir de la saga (le fait que des humains fabriquent des Transformers, l’évocation des créateurs de ces derniers…).
Et là où ce nouveau film se démarque également de ses prédécesseurs, c’est par son ton. La mise en scène, la débilité assumée et les répliques clichés et patriotiques sont du Bay tout craché (toute façon, vous aller voir un de ses films, vous savez à quoi vous attendre, et certainement pas à du Shakespeare ; alors ne dites pas du mal à chacun de ses films qui se ressemblent si vous n’appréciez pas ce genre de divertissement). Mais le réalisateur freine un peu sur pas mal de point. Comme l’humour via des personnages secondaires bonnement tête-à-claques, bien présents ici (Stanley Tucci et T.J. Miller tout particulièrement) mais « plus calmes » que d’habitude. Une ambiance décontracté qui vire par moment dans la noirceur (la mort inattendue de certains personnages, les antagonistes humains aux ambitions et explications diablement humaines, la fille de Cade se faisant menacer par un flingue sur tempe…). Sans compter le fait que le film se focalise bien plus sur Optimus Prime qu’auparavant (qui mettaient Bumblebee sur un piédestal alors que le leader des Autobots était plutôt secondaire), qui préfère sauver les siens plutôt que l’humanité. Inhabituel pour ce genre de film ! Bref, le scénario est au premier abord toujours aussi vide (il faut le reconnaître). Mais pour un blockbuster qui doit, officiellement, s’en moquer, c’est une bien bonne surprise de voir autant de travail d’écriture (même si cela reste un grand mot).
Petite déception donc, en tant que fan, par ce manque de panache. Mais même avec ce constat, l’Âge de l’Extinction ne fait aucunement honte à la première trilogie, s’avérant être un opus de taille, divertissant au possible et pétaradant comme Michael Bay sait si bien les faire (et quoi qu’en disent ses rétracteurs). Car ce n’est pas un auteur mais un homme de spectacle. Il l’a toujours été (même si Pain & Gain dévoilait son côté caché contraire à son statut de divertisseur grand public). Et ce Transformers 4 n’échappe nullement à la règle ! Les Gardiens de la Galaxie auront bien du mal à se faire une place cet été, c’est certain ! Mais ne vendons pas la peau de l’ours ! En tout cas, j’attends Transformers 5 avec impatience mais à une condition : soit Michael Bay retrouve son panache, soit il s’arrête là, laissant la place à un autre réalisateur (ce qui est d’ailleurs prévu, d’après les dernières rumeurs) qui apporterait toute l’énergie nécessaire à la bonne marche de cette nouvelle trilogie.