C’est en bonne forme que revient Bryan Singer avec son Days of Future Past qui peut se vanter d’être le meilleur film de superhéros, plus époustouflant, plus épique qu’Avengers. Au fond du synopsis, il transparait une couche de noirceur inconnue de la saga, engendrée par une éradication anxiogène de la race mutante, superbement maniée, en plus de l’immersion qu’elle procure ; l’atmosphère s’innove, possède l’ambition téméraire de renouveler un certain rythme tout à la fois inattendu et explosif. Mêler le casting old star avec ceux du Commencement offre au film une dimension intemporelle, démesurée, mais d’une ampleur profonde. Michael Fassbender (Magnéto) et James McAvoy (Charles Xavier) endossent leurs rôles plus frontalement que jamais, faisant osciller leurs personnages entre colère, humour et transparence de sensibilité.
Malgré quelques petites complexions scénaristiques, le synopsis garde sa route entre les 70’s (côté rétro chaleureux) et la dystopie de 2020, affreux gouffre d’une épaisseur d’encre aux villes dévastées où règnent la volonté intransigeante d’exterminer la différence. Ce désespoir permet aussi de réunir des stars qui tiennent un rôle quasi-inutile, mis à part pour celui d’Ellen Page. Dans le voyage de Hugh Jackman (assez sobre doté d’une voix réconfortante), l’humour se permet d’apparaître tandis que les enjeux tragiques sont sans cesse discutés. Si seulement quatre personnages sont approfondis (Magnéto, Professeur X, Mystique, Wolverine) et bouclent leurs histoires personnelles, leurs intrinsèques, il n’est pas mauvais de s’y arrêter ; car le gigantisme de XMDOFP est si époustouflant que baser des intrigues supplémentaires aurait été une action trop excessive. Cependant, Jennifer Lawrence, noyau de l’histoire, incarne Mystique sans émotions véritables : elle réussit à crédibiliser sa haine et son dilemme, sans rien de très magnifique. Elle ne semble miser ses capacités que sur sa beauté.
Au milieu des fameuses scènes d’action où lumière, charisme, enivrent totalement l’attention, nous sommes transportés comme par un tunnel extraordinaire dans ce monde fictif aux mœurs si pessimistes. Bryan Singer réussit son coup sur tous les plans de l’action ; jamais elles n’ont paru tant épiques (car celles retrouvées dans les deux volets paraissaient molles). Peter Dinklage en Bolivar Trask, scientifique presque inébranlable, créé des Sentinelles ; la source de crainte la plus massive. Eliminateurs, impitoyables, ce sont la cruauté par excellence.
Toujours magistral, agrémenté de longueurs bien gérées, l’épisode de cette année s’inscrit directement dans la lignée des blockbusters non pusillanimes. Le réalisateur le contrôle avec une précision forte, stabilisant tous les éléments de cette montagne infinie digne d’être qualifiée d’onirisme cinématographique. Sans doute, le rêve de ce passé futur est atteint sans difficultés. Une construction massive, aux piliers de combats époustouflants, à la chaleur révolutionnaire. Si l’opus Apocalypse prévu pour 2016 dépasse ce degré d’émerveillement, alors ce cher Bryan sera le maître des films comics. Tragique, sombre, ambitieux, incontestablement magistral pour le genre, les paris sont réussis haut la main. Le début d’une forme singulière de splendeur est en train de naître chez les X-Men. On en ressort bluffé. La densité nous perd sous une tempête magique. Les yeux sont en extase, tout le corps respire la nouveauté.