Après l’extraordinaire renaissance de la saga avec "X-Men : Le commencement", les fans des mutants de Marvel (dont je fais partie) se sont à nouveau mis à rêver… voire même à fantasmer après l’annonce d’un cinquième épisode qui serait l’adaptation du comics culte "Days of the future past" qui réunirait l’ancien et le nouveau casting. Malgré le départ du siège de metteur en scène du génial Matthew Vaughn (principal artisan de la réussite du précédent opus), tout était réuni pour faire de ce nouvel opus le meilleur film traitant des X-Men, surtout avec le retour du taulier Bryan Singer, qui a lancé la saga en réalisant les deux formidables premiers épisodes. Ce remplacement restait, néanmoins, un problème pour moi tant que je craignais un traitement bien plus "policé" de la réalisation par Singer qui n’a plus fait grand-chose de marquant depuis… "X-Men 2" justement. Et, malheureusement, mes doutes se sont un peu confirmées car, si "X-Men : Days of the future past" n’est pas le chef d’œuvre annoncé, c’est en grande partie (exclusivement ?) à cause de lui ! Soyons cliars, le film reste, dans l’ensemble, réussi mais, au vu des attentes, des nouvelles bases qu’avait su apporter Vaughn et du potentiel du récit, on était en droit d’attendre beaucoup plus. Tout d’abord, Singer semble avoir été très désireux de marquer, à nouveau, la saga de sa patte, au détriment de toute cohérence avec l’opus précédent. Singer perd, donc, ici l’inventivité et l’énergie de la mise en scène de Vaughn au profit d’une réalisation bien trop sage et fait table rase de l’extraordinaire BO d’Henry Jackman pour imposer son compositeur maison, le bien plus fade John Ottman. On perd, donc, toute la fraîcheur du précédent opus pour retomber dans un classicisme trop raisonnable. Question personnages, il surexploite, à nouveau, Wolverine (toujours très bien mais qui n’avait, pour autant, pas manqué dans l’épisode précédent) et sacrifie la richesse des autres personnages, tels que Mystique (Jennifer Lawrence) réduite au statut de menace à éliminer ou Le Fauve (Nicholas Hoult) qui fait office d’homme de main sans grand intérêt… quand il ne fait pas carrément disparaître des mutants au potentiel pourtant inexploité
(Le Hurleur, Azazel, Emma Frost ou encore Havok, qui se fend d’un simple caméo)
. Sans surprise, seuls Xavier et Magneto sont un peu épargnés par cette pauvreté ambiante même si leur relation n’avance pas beaucoup. Quant à la réunion des deux castings, force est d’admettre que, mis à part Patrick Stewart (Xavier) et Ian McKellen (Magneto) qui ont droit à de véritables dialogues, les autres illustres anciens viennent davantage cachetonner (Halle Berry, Ellen Page, Shawn Ashmore…) quant ils ne se limitent pas à un caméo de luxe
(Kelsey Grammer, James Marsden, Famke Jansen…)
. Il en est, d’ailleurs, de même, concernant les nouveaux mutants, qui ont bien trop de place pour exister (Solar, Warpath, Blink ou encore Bishop joué par notre Omar Sy national). Il semblerait, ainsi que Singer ne se soit intéressé, en tout et pour tout qu’à Wolverine (Hugh Jackman toujours impeccable), Xavier (James McAvoy étonnant en dépressif barbu), Magneto (Michael Fassbender décidemment parfait) et, dans une moindre mesure, Bolivar trask (Peter Dinklage, détestable à souhait). Enfin, on n’échappe pas aux incohérences dues aux perturbations de la ligne temporelle puisque, à titre d’exemple, Singer n’explique pas pourquoi
aucun film de la saga n’avait évoqué, jusque-là, l’arrestation de Mystique et de l’avènement des Sentinelles… alors que cet épisode est bien le suite des trois premiers épisodes !
Il en est de même concernant les problèmes d’âge de certains personnages (Stryker en tête). Ceci étant dit, et une fois la déception passée, on pourra reconnaître les indéniables qualités de ce cinquième opus, à commencer par certaines séquences très réussies dont la fameuse évasion de Magneto du Pentagone grâce à Vif-Argent (qui est appelé à faire, à nouveau parler de lui à l’avenir) ou encore le final
et son déplacement de stade de football.
Les quelques saillies humoristiques inhérentes au genre (les rencontres de Wolverine avec ses vieux potes dans le passé réservent quelques bons moments) sont, également, à mettre au crédit du film. Enfin, et bien qu’on ne puisse pas imaginer autre chose qu’un happy-end, les moments plus tragiques apportent une certaine noirceur appréciable. Ainsi, dans l’ensemble, "X-Men : Days of the future past" reste un divertissement de haute volée, riches en clins d’œil en tout genre aux fans de la saga mais ne tient pas la comparaison avec son prédécesseur… ni même avec l’excellent "X-Men 2". Espérons que Singer, qui officiera à nouveau sur le futur "X-Men : Apocalypse", saura se montrer plus respectueux du magnifique travail de Vaughn…