X-Men, une franchise qui ne me disait pas grand-chose jusqu'à ce soir. Et ce soir, tout fait sens : je ne me souviens pas des films précédents parce qu'ils n'existent pas ; ils n'existent pas parce que les évènements qu'ils relatent ne se sont jamais déroulés dans le nouveau passé -à l'exception de ceux, antérieurs à ce nouveau passé, du Commencement, que je n'ai simplement pas vu.
Bon, je ne devrais pas pouvoir écrire sur des films qui n'existent pas. Les conséquences du voyage temporel, je maîtrise encore moins que les scénaristes de Days of Future Past, le dernier né. Qui, en vérité, s'en sort plutôt bien -à condition de ne pas se poser trop de questions. La cohérence interne du récit n'excuse pas sa banalité, ni sa simplicité, mais elle excuse son incohérence externe, d'autant que le voyage temporel ne constitue pas le sujet. Comment reprocher aux scénaristes d'avoir man-qué L'Effet papillion ou, dans un autre registre, les conférences d'Étienne Klein ?
Que l'envoi de Wolverine dans son corps, déjà si musclé, de 1973 tienne du prétexte à réunir deux générations de mutants, sorte de pont (à fric), soulage quelque peu. La guerre qu'ils livrent contre les non-mutants, variation sur un thème de science-fiction, de posthumanisme hollywoodien, lasse : pourqui ne pas l'éviter ? Idée séduisante à la mise en œuvre décevante : l'assassinat de Franz Ferdi-nand -enfin, de Bolivar Trask- n'est qu'une cause, voire un élément de propagande, un 9/11 ; les X-Men, une fois connus, qu'ils se déclarent ou non pacifiques, deviennent en eux-mêmes la cause de cette guerre.
Et franchement, ils aggravent la situation : lorsque Mystique choisit de ne pas tirer, l'étendue de ses pouvoirs et de ceux de Magneto, légèrement instable, n'a plus de secret pour le monde. Je sais per-tinemment que le mâle croit sur parole une Jennifer Lawrence en combinaison bleue moulante, mais la femelle -que je suis et qui, au surplus, n'aime pas les comic books- se concentrera sur un Michael Fassbender assez menaçant. Miam miam. Quoi, les non-mutants s'arrêtent là ? Finie la recherche en vue, par exemple, de s'armer ? Vive la paix, Grace Kelly et les dauphins ?
Jennifer Lawrence nous perdra.
D'aucuns avanceront qu'une suite se prépare. À cet égard, la fin de Days of Future Past aurait pu s'ouvrir davantage, s'obscurcir. D'autres avanceront que le film repose en grande partie sur la rela-tion entre Magneto et Charles-Xavier (Versailles wesh !) ; si le duo fonctionne bien, reste que seule la 3D donne une profondeur à l'ensemble. (Entre Michael Fassbender et James McAvoy, mon cœur balance depuis leur apparition dans Band of Brothers (HBO). Par contre, Hugh Jackman me rebute vraiment et je ne comprends pas l'engouement pour Wolverine.)
Bryan Singer marque forcément sept points ailleurs. La réalisation efficace, couplée à de bons effets spéciaux qui n'ont, certes, rien d'impressionnant, apporte son lot de scènes sensationnelles et offre son quart d'heure de gloire à Evan Peters, alias Quicksilver, révélation de la sympathique série Ame-rican Horror Story. Loin de sous-exploiter ses personnages secondaires, très nombreux, le papa de la franchise jette même un os à Halle Berry. Le succès n'est plus qu'affaire de super combos, sunglasses 70s et dynamisme.