Je profite de la sortie DVD pour revoir, après l'avoir vu au ciné, Inside Llewyn Davis. A sa sortie ciné j'en étais sortie charmé, à ce nouveau visionnage je suis envouté. Il suffit de quelques secondes pour pénétrer immédiatement cet univers. Le film s'ouvre sur un fond noir et une indication "The Gaslight Café. 1961". En parallèle, le son diégétique d'une guitare qu'on accorde et le murmure de la salle. Première image, avec une superbe photographie : gros plan d'un micro des années 60 avec cette texture chromée magnifique. La chanson commence, la caméra se tourne vers Oscar Isaac dont la belle voix grave emplie l'espace et entame "Hang me, oh hang me ! I'll be dead and gone." Ca y est ! Tout est dit en 30s. En 30s, les frères Coen nous informe que l'on va suivre une de ses tranches de vies fatalistes dont les chansons folk raffoles. Et c'est effectivement ça. On suit quelques jours de la vie tragico-comique (un comique plus doux-amer que le mordant habituel des Coen) d'un type qui n'arrive pas à s'extraire de son destin. Il ne s'y passe pas grand chose. Il squatte d'un canapé à un autre, il fait un aller-retour à Chicago, tout ça pour revenir au point de départ. Tout est une question d'errance et de redondance (le chat, l’ascenseur et le liftier, l'interphone, la présentation des invités chez les Gorfein, le gérant du Café, etc. et la scène finale) symbolisant l'impuissance à s'extraire de son destin. Et moi, en tant que spectateur, je suis tout aussi impuissant à m'extraire de la fascination que cette histoire, pourtant simplissime et sans rebondissement, exerce sur moi. Superbement réalisé et mis en scène, brillamment interprété par tout les acteurs : Oscar Isaac, John Goodman, Justin Timberlake, etc. et Carey Mulligan dont l'apparition du furtif sourire lorsque sur scène son regard passe d'accusateur, vers Oscar Isaac, à inspiré, habité par le chant est juste un moment d'une poésie sublime.
Bref, un très grand film.