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    Inside Llewyn Davis
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    Patrick Braganti
    Patrick Braganti

    84 abonnés 375 critiques Suivre son activité

    4,5
    Publiée le 13 novembre 2013
    S’il met une nouvelle fois en scène un loser, figure ô combien récurrente de leur cinéma, le dernier long-métrage des frères Coen, qui a remporté le Grand Prix du jury à Cannes, semble répondre à de nouvelles ambitions, en quittant le registre du pur divertissement mêlant virtuosité et humour décalé pour gagner en profondeur et en authenticité. Autrement dit, aussi réussis étaient jusqu’à présent les films des réalisateurs de Fargo, leurs héros, de l’auteur Barton Fink au professeur Larry Gopnik, nous paraissaient toujours exagérés, ‘bigger than life’, accumulant à dessein, dans une veine tantôt comique tantôt dramatique, les coups du sort et les expériences cocasses dans une accumulation scénaristique, un crescendo savamment entretenu, prompt à susciter l’adhésion et le plaisir, fût-il primaire, du spectateur. Un vrai sens de la mise en scène, une direction irréprochable d’acteurs fidèles et complices, une capacité à mener un récit : sans conteste Joel et Ethan Coen savent réunir et cuisiner les ingrédients pour mijoter le meilleur des plats, aussi bien subtil au palais que roboratif à l’estomac. Tout le monde y trouvait au final son compte.
    Avec Inside Llewyn Davis, on renoue bien sûr avec les codes habituels et balisés du cinéma des Coen. Néanmoins, ils jouent cette fois la partition de façon plus modeste, moins clinquante, plus sombre et moins légère. D’un point de vue narratif, c’est effectivement réduit à la portion congrue : Llewyn Davis, musicien de folk au début des années 60, dont le partenaire s’est jeté du pont George Washington, court le cachet, squatte les canapés de ses amis, laisse échapper le chat de l’un d’eux, fait une excursion à Chicago puis revient à New York. Rien de bien exaltant, et dans un premier temps, s’il n’y avait cette diversion féline, on ne serait pas loin de trouver le film fade et inconsistant à l’aune de son héros, velléitaire, se laissant porter par le courant. Il faut en arriver à une invitation à partager une moussaka chez les parents du camarade suicidé pour mieux comprendre les blessures de l’artiste incompris à l’époque des balbutiements du courant folk, englué dans une spirale d’échecs qui le fait stagner et végéter. Le meilleur est encore à venir : le déplacement en compagnie d’un duo de musiciens à Chicago installe le film dans une atmosphère plus étrange où s’installe une sourde et tenace tristesse. On ressent plus que jamais les températures hivernales et le froid polaire dans des tonalités de plus en plus grises et glauques. La neige qui était davantage un décor ludique et irréel dans Fargo devient ici la météo ad hoc, celle d’une dépression insidieuse et persistante.
    Le grand mérite de Inside Llewyn Davis est justement de ne rien résoudre, semant le trouble dès la séquence d’ouverture qui pourrait être aussi bien celle de clôture, attestant du succès d’estime, mais réel, du musicien devant un public particulièrement silencieux et attentif. L’instant de grâce, heure de gloire éphémère dont nul ne sait si elle demeurera unique ou connaitra des reproductions, constitue une pause dans l’existence sens dessus dessous de Llewyn Davis. C’est donc bien un sentiment de mélancolie, sinon de morosité, qui envahit progressivement le spectateur dans ce film crépusculaire autour d’un antihéros, moins hâbleur et bravache que d’habitude, encaissant avec stoïcisme les coups sans jamais tomber. Sympathique, mais aussi attachant et juste en épousant le parti pris des vaincus. En gagnant en épure et en laissant tomber la maestria efficace, les frères Coen acquièrent du coup en élégance et puissance et signent ainsi un de leurs meilleurs opus, comme touchant à la maturité.
    Acidus
    Acidus

    629 abonnés 3 656 critiques Suivre son activité

    4,0
    Publiée le 12 novembre 2013
    Trés bon film que nous livre ici les frêres Coen. Pas grand chose de négatif à dire sur ce long métrage musical sinon qu'il manque parfois d'un chouilla d'émotions sur certaines scènes et qu'une fin trop brutale m'a légèrement déçu.
    ned123
    ned123

    129 abonnés 1 663 critiques Suivre son activité

    4,0
    Publiée le 16 mars 2014
    J'ai vu un film... qui respire la sincérité et l'émotion à chaque image... Les frères Coen réussissent l'exploit de nous rendre attachant un personnage qui n'est pas toujours si sympathique que cela... C'est un film sur un looser qui ne cède jamais dans son mode de vie, et ce malgré les obstacles qui le percutent au quotidien... Ce n'est pas une victoire ou une défaite à laquelle on assiste, mais à une tranche de vie pas simple... Et la réalisation fine des frères Coen est un véritable exploit. C'est une comédie douce-amère qui nous emmène sur les chemins de traverses d'Oscar Isaac qui est une belle découverte. Les dialogues sont fins, subtils, et forts... On rentre dans cette comédie dépressive où les personnages qui entourent Llewin Davis sont également attachants (Carey Mulligan, F. Murray Abraham,...) sont des contre-poids importants dans l'équilibre précaire du héros. Certaines musiques Folks sont de vraies découvertes et habillent ce très bon film...
    islander29
    islander29

    771 abonnés 2 279 critiques Suivre son activité

    4,0
    Publiée le 10 novembre 2013
    Un film plutôt "étonnant" venant des frères Coen.....
    Ils ont choisi l'intimité d'un musicien, qualifié de "looser"....
    Il n'empêche, les chansons du film sont superbes (du folk accompagné à la guitare sèche)....
    Comme le dit un des personnages : "si vous connaissez cette musique et que vous ne l'avez jamais entendue, c'est du folk" (de mémoire).....
    Après le scénario est surtout celui d'une solitude (et plutôt plat) et manque sans doute de surprises, voire de variations....
    Il y a quelques pointes d'humour (à la Coen, quand même).....
    J'ai pour ma part apprécié l'atmosphère du film, le portrait taciturne d'un musicien.....
    l'acteur principal porte le film sur ses épaules et il le fait avec brio (sachant qu'il campe un personnage passablement blasé).....
    Le film est semble t-il filmé comme en sourdine (voix, chansons, etc....) comme pour accentuer le mélodrame passif de la quête du chanteur......
    Certains penseront que les frères Coen se sont "endormis", on peut penser avec modestie qu'ils se sont essayés à un nouveau "registre" (beaucoup plus réaliste) et à un hommage à la musique folk.....A vous de voir.....
    brunocinoche
    brunocinoche

    69 abonnés 1 076 critiques Suivre son activité

    4,0
    Publiée le 15 mars 2014
    Cette chronique d'un chanteur de folk à la dérive est extrêmement attachante. La mise en scène de Joël Coen d'une sobriété inattendue rend hommage à ses artistes de l'ombre qui galèrent. Frôlant l'absurde, cher à l'univers des frères Coen (l'aventure avec les chats, la rencontre avec le personnage incarné par John Goddman), le film, souvent émouvant, tient aussi grâce à un scénario solide, un acteur d'une grande justesse et une bande son remarquable.
    annastarnomberon
    annastarnomberon

    120 abonnés 239 critiques Suivre son activité

    1,0
    Publiée le 15 novembre 2013
    Ce film m'énerve, parce qu'il me rappelle que je ne comprends vraiment pas ce qui fait la génialitude des Coen (précisons pour ma défense que je n'ai vu que Burn after reading, Big Lebowski que j'ai tous deux détestés et No country for old man et True Grit que j'ai, eux, beaucoup appréciés -je n'ai probablement pas encore vu leurs "meilleurs films", Fargo, A serious Man...). J'ai l'impression qu'il faut être sensibilisé au cinéma des Coen pour pouvoir aimer Inside Llewyn Davis. J'ai l'impression que ce film puise aussi sa qualité dans l'aura qui l'entoure, dans la reconnaissance préalable dont disposent ses spectateurs. J'ai l'impression qu'il n'est pas un film "pour tout le monde" mais un film pour un public averti, et je crois que je n'en fais définitivement pas partie (ça me vexe d'ailleurs). Mais bon, oublions ce que je pense des Coen et cette impression horripilante que j'ai de passer à côté de quelque chose et de ne pas saisir ce qui fait leur virtuosité.
    Que ce film soit de perlinpin, du pape ou des Coen, peu importe après tout. Je l'ai trouvé sérieusement chiant à mourir. Je suis peut-être une grosse beauf qui n'a rien compris à la beauté, mais je ne comprends pas ce qu'il y a de génial à un film comme celui-là. Bon sang, on passe deux heures à suivre la vie d'un mec qui échoue dans tout ce qu'il fait. Si encore il échouait à intensité variable, si encore on passait par plusieurs stades d'émotion (et oui je suis assez simpliste moi mais j'ai besoin que le cinéma me procure quelque chose dans le coeur, dans les tripes, ou au moins dans le cerveau. J'ai besoin de la dimension sensorielle, je ne regarde pas un film juste pour voir de belles images, il faut que ce film me parle, qu'il me bouge, qu'il me happe) je ne serais pas contre. Je n'ai absolument rien contre les films sans espoirs, je trouve que l'errance peut être un magnifique thème de cinéma quand elle est bien traitée, quand elle donne à voir ou à ressentir quelque chose. J'aime l'errance au cinéma quand elle me fait rire (Le grand soir), quand elle me fait pleurer (L'épouvantail), quand elle m'interroge, quand elle me bouleverse (Easy Rider). J'aime l'errance au cinéma quand elle me rend mélancolique (Down by law), quand elle me renvoie à moi, quand elle me travaille au corps. Mais là, sérieusement putain, je n'ai RIEN ressenti si ce n'est de l'ennui.
    Je n'ai ressenti aucune émotion, je n'ai pas réussi à m'identifier à ce personnage qui est censé avoir des barrières intérieures qui l'empêchent d'aller de l'avant. On n'a pas accès à sa psychologie. Je veux bien, mais alors il faudrait à mon sens qu'il y ait un élément extérieur qui me procure de l'émotion. Là non, rien. Les seuls passages où j'ai cessé de voir le film et où je l'ai regardé, c'est ceux avec le chat (je suis peut-être une niaise en fait, j'ai peut-être besoin de pathos pour ressentir des chose). Je suppose que le film est porteur d'une grande subtilité, je suppose qu'il a transporté beaucoup de spectateurs, mais ça me blase, je n'arrive pas à comprendre comment on a pu ressentir autre chose que de l'ennui. Oui les images sont belles et la musique aussi, mais la dimension esthétique ne sera jamais suffisante pour me faire voyager. Je crois qu'il faut que j'arrête d'essayer de comprendre : certains aiment peut-être la beauté pure et s'en contentent, ou alors il y a autre chose, il y a de l'émotion, et je n'ai pas su la saisir.
    cylon86
    cylon86

    2 272 abonnés 4 430 critiques Suivre son activité

    5,0
    Publiée le 6 novembre 2013
    Décidément, les frères Coen n'ont pas fini de nous surprendre. Là où on les voyait souvent le pied entre deux genres (la comédie et le film noir), les voilà qui signent un film qui n'est ni l'un ni l'autre et qui porte pourtant leur patte, marque reconnaissable entre toutes. Nous montrant quelques jours de la vie de Llewyn Davis, guitariste et chanteur de folk dans le New York du début des années 60, ils nous dépeignent un univers comme ils les aiment où Davis erre de canapés en canapés chez des amis ou des connaissances, livre quelques performances sur scène pour toucher de l'argent tout en ayant du mal à organiser sa vie (il fout la merde partout où il va dira le personnage féminin principal), finissant toujours par être rattaché à la musique qu'il le veuille ou non. Si le scénario comporte quelques éléments comiques et absurdes (le trajet en voiture avec John Goodman et Garrett Hedlund), le ton du film balance entre nostalgie, amertume et hommage à la musique folk avec un équilibre toujours parfait. Les chansons choisies pour composer la bande-originale sont excellentes et ajoutent énormément de charme à l'ambiance du film, que Bruno Delbonnel a magnifiquement photographié, s'adaptant parfaitement à la mise en scène des Coen. Oscar Isaac, quant à lui, est très doué dans le rôle principal et se révèle aussi bon acteur que chanteur, ses regards fatigués étant étonnamment expressifs. Face à lui, on retiendra surtout Carey Mulligan dans un rôle qui lui change de ses compositions habituelles et dont l'utilisation excessive du mot ''asshole'' est un pur régal. On finit par sortir du film charmé, avec cette impression de plus en plus rare au cinéma américain : la sensation d'avoir vu quelque chose de profondément original.
    anonyme
    Un visiteur
    1,5
    Publiée le 6 novembre 2013
    Quelle déception!
    J'attendais ce film avec impatience étant un grand fan de l'ensemble des films des frères COEN.
    Les critiques presse ont beau s'avérer excellentes, pas grand chose à retenir de ce film si ce n'est une BO Folk qui tient le film car ca sonne vide! 1h45 d'ennui, de redondance, tristesse!
    Un navet quand on sait de quoi sont capables ces 2 géants.
    anonyme
    Un visiteur
    2,0
    Publiée le 8 novembre 2013
    Film insipide ...sans l' humour habituel des deux frères Coen...grosse
    deception!!
    gimliamideselfes
    gimliamideselfes

    2 830 abonnés 3 958 critiques Suivre son activité

    4,0
    Publiée le 7 août 2015
    Bon à part le fait que je n'ai pas reconnu un temps soit peu le casting (à part John Goodman) si ce n'est l'acteur principal, mais bon, c'était parce que je savais qu'Oscar Isaac tenait le rôle principal, j'ai plutôt aimé le dernier film des deux frangins. Alors je ne serai pas non plus aussi élogieux que pour d'autres de leurs réalisation, mais c'est un très bon film, calme, posé, très bien réalisé, très bien écrit... arrivant à captiver le spectateur et à créer de l'empathie avec ce personnage très "gris".

    Le héros n'est ni un brave type, ni un enfoiré, c'est juste un gars normal, avec ses hauts, et surtout ses bas... ses agacements... ses déboires...

    Je trouve ça très fort de faire un héros qui soit aussi prenant sans jamais rien faire pour le rendre aimable... d'ailleurs la très belle photographie du film est elle aussi plutôt terne... la musique, franchement belle également (alors qu'à la base je ne voulais pas forcément voir ce film car je ne suis pas un grand fan de folk) est plutôt douce aussi... et pourtant il se passe quelque chose avec ce personnage, ça naît d'un équilibre quasiment indescriptible, quelque chose qui tient tout simplement d'une certaine forme de génie... ou d'un travail acharné pour épurer le film... il n'y a rien de trop, rien qui manque... Je suis assez impressionné, ou plutôt je le serai si je ne connaissais pas leurs autres films.

    Parce que bon, même si je me doutais que c'était très bien et que finalement je ne suis pas tant surpris que ça par la qualité j'avais malgré tout une petite appréhension à cause du côté musical... appréhension qui disparaît dès la première minute de film...

    Après je pense qu'il faut aussi rendre à César ce qui appartient à César, les acteurs sont tous très bons et très bien dirigés, même le chat ! Pour une fois qu'on a un rôle de chat qui n'est pas niais... j'avais pas vu ça depuis le Privé !

    Comment ne pas citer cette fin ? concluant (ou non) magistralement le film... avec la même douceur amère que le reste du film...

    C'est vraiment un film sans fausse note, si j'ose dire... et suivre un loser n'aura que rarement été aussi sympathique ! Surtout que ça a beau être un pauvre type, on ne tombe jamais dans le misérabilisme parce qu'on ne va jamais chercher à venir lui faire porter tout le poids du monde sur ses épaules... c'est un humain, trop humain... qui vit sa vie d'humain...
    Moorhuhn
    Moorhuhn

    121 abonnés 579 critiques Suivre son activité

    4,0
    Publiée le 7 novembre 2013
    Plus de 2 ans après le sympathique True Grit, les frères Coen reviennent avec leur seizième long-métrage intitulé Inside Llewyn Davis. Ce film a fait parler de lui à Cannes cette année, laissant penser qu'il s'agissait d'un des meilleurs films des deux frangins. L'histoire de ce chanteur de folk qui vadrouille à travers les USA afin de pouvoir (sur)vivre de sa musique a touché Spielberg et sa clique au point de décrocher l'illustre Grand Prix du jury. Tous les signaux étaient au vert avant de rentrer dans la salle de cinéma, qu'en est-il finalement de cet Inside Llewyn Davis?

    Le film s'inspire librement de la vie du chanteur Dave Von Ronk (vous ne connaissez pas? Pas grave, moi non plus). Llewyn Davis est un musicien sans domicile fixe, qui survit de concerts dans des bars, de petits boulots mal payés et qui dort, au mieux, chaque nuit sur un canapé. Un synopsis terriblement dramatique sur le papier, mais c'était sans conter sur le talent des frères Coen qui évitent le drame balourd pour proposer un film, certes désabusé, mais chaleureux dans le fond.

    Car la célèbre paire de cinéastes sait rendre ses personnages attachants et ne nous assomme jamais avec leurs déboires. Oscar Isaac, acteur plutôt habitués aux seconds rôles, se voit offrir ici un rôle à la hauteur de son talent. Son personnage est rempli d'espoir mais enchaîne les désillusions sans jamais totalement perdre la foi qui l'anime. Le récit ne prend place que sur quelques jours, ce qui est suffisant pour comprendre le personnage, ses galères et qui évite d'en faire un biopic complet qui survolerait justement cette aventure au jour le jour, ce qui fait le sel de ce film.

    Car l'histoire de Llewyn Davis c'est ça, le déclin des artistes indépendants face à la montée impitoyable du show. On préfère favoriser les thèmes plus légers et les musiques plus gaies face aux chansons tristes et sincères d'un chanteur folk mélancolique. Et la vie de celui-ci se résume à cela, un tiraillement entre le fait de vouloir mettre en avant sa propre identité artistique et le fait de s'adapter aux nouvelles tendances pour pouvoir vivre plus confortablement mais en rentrant dans le rang.

    Le film possède ainsi un aspect mélancolique et plutôt pessimiste, sans pour autant sombrer dans la déprime la plus profonde. Inside Llewyn Davis traite de la fin d'une ère où l'expression artistique devient de plus en plus muselée face aux contraintes des grands studios et de leur recherche de la plus forte rentabilité. Mais le traitement de cette ère mourante est admirable. Les Coen en font quelque chose de doux car ce personnage est un loser attachant, chaleureux dans ses rapports aux autres et dans sa musique. Et le film se suit avec plaisir sur un rythme fluide et maîtrisé, bercé par cette bande-son lancinante mais très entraînante.

    Mais outre cet aspect mélancolique, l'errance de Llewyn Davis prend parfois des allures à la fois noires et poétiques. Je pense notamment à ce road-trip vers Chicago assez cauchemardesque où il doit subir les sarcasmes d'un musicien de jazz (excellent John Goodman au passage) tout en étant conduit par un chauffeur froid et taciturne. Dans cette séquence et dans d'autres, le film offre des moments d'une beauté incroyable. Le plan où Llewyn fait du stop la nuit dans la neige ou encore avec le chat sur la route sont d'une élégance rare. C'est intensément poétique, ça brille comme un éclat dans la nuit et c'est là que l'on voit que la forme chez les frères Coen est toujours aussi maîtrisée.

    Esthétiquement ce film est un régal. Outre les quelques exemples de séquences presque oniriques que j'ai pu cité, le film est mise en scène avec un tel sens du cadrage que ça en devient un pur régal rétinien. Associé à une superbe photographie qui arrive à user des teintes grises tout en rendant le tout chaleureux, le film est visuellement très abouti. Je n'ai d'ailleurs pas de mal à qualifier les Coen (enfin surtout Joel) comme étant parmi les plus grands formalistes en activité. Et ça fait du bien de voir des films aussi beaux au cinéma, de voir des films qui prennent leur temps de développer leurs personnages, de dégager une ambiance unique.

    Car Inside Llewyn Davis est bel et bien un film unique. On reconnaît la patte Coen mais on y retrouve, comme souvent, cette identité propre. J'ai toujours apprécié leurs films pour ça d'ailleurs, il y a souvent quelque chose de neuf. Que ce soit cette Odyssée version Grande Dépression d'O'brother ou l'incroyable thriller texan de No Country for Old Men, les frères Coen arrivent à utiliser des matériaux littéraires et cinématographiques déjà existants pour en faire des oeuvres uniques et sincères.

    Subtil, chaleureux, beau, intelligent. Il y a tant d'adjectifs qui pourraient coller à ce nouveau film des frères Coen. Tout est bon, j'émettrai juste une réserve sur le personnage de Carey Mulligan que j'ai trouvé un peu balourd (peut-être à cause de son interprétation un peu forcée). Mais globalement l'interprétation reste quand même de grande qualité.

    Inside Llewyn Davis est l'illustration brillante du parcours d'un raté à qui on aurait souhaité meilleur sort. L'histoire d'un type qui gâchera des opportunités, doutera mais s'accrochera toujours à ce qui est sa raison de vivre et son quotidien. Une oeuvre belle et poignante qui donne d'ailleurs envie de se plonger dans une session de musique folk et d'écouter la musique de l'artiste dont le film s'inspire. Une perle des frères Coen et l'un de mes gros coups de coeur de l'année.
    Kévin Pilastra L
    Kévin Pilastra L

    9 abonnés 173 critiques Suivre son activité

    1,5
    Publiée le 6 novembre 2013
    Pour ma part, j'ai été très déçu, je n'ai pas du tout été touché par ce looser à qui rien ne réussi. Je n'étais pas spécialement fan de folk mais j'attendais quand même à être ému par une musique méconnue, et ben même pas !!! Ça m'a juste rappelé que je suis content de ne pas comprendre les paroles de certaines de mes chansons préférées !!!
    why--not
    why--not

    2 abonnés 17 critiques Suivre son activité

    0,5
    Publiée le 7 novembre 2013
    Plat, lent, pas de rythme et pas d'action. Ambiance morose et déprimante. Un film qui n'apporte rien selon moi aucune émotion, aucun plaisir. Je me suis profondément ennuyée.
    anonyme
    Un visiteur
    4,0
    Publiée le 6 novembre 2013
    Les vieilles folk songs qu'on entend dans Inside Llewyn Davis font entendre la vieille chanson des Coen sur les losers : on en revient toujours avec eux aux bas-côtés de l'histoire américaine, à l'envers du décor, représenté ici par cette ruelle sombre où Llewyn reçoit des coups. Mais résonne ici une note nouvelle, très triste, qu'on entend notamment dans la scène où la petite amie de Llewyn (Carrey Mulligan) se joint à un duo de musiciens pour chanter Five hundred miles: le public reprend déjà les paroles, un tube est en train de naître, mais Llewyn Davis ne l'a pas écrit. A quoi tient la réussite d'une carrière ou d'une vie, se demandent les Coen? Pourquoi Bob Dylan, dont on aperçoit à la fin la silhouette, s'est-il fait connaître alors que Llewyn est resté dans l'ombre? Peut-être parce qu'il a su faire du nouveau avec de l'ancien. Voilà la question qui se pose aujourd'hui aux Coen: quel frisson nouveau faut-il introduire dans leur petite musique? Le film semble prendre acte de leur incapacité à être aujourd'hui dans le présent du cinéma, c'est-à-dire dans le numérique, la 3D, le spectacle "en apesanteur". Il est, comme la musique de Llewyn, magnifiquement suranné. "If I had wings", chante Llewyn Davis dans son dernier concert: s'il avait des ailes, dit-il, il traverserait les rivières pour rejoindre son amour. Et si les Coen avaient des ailes, peut-être iraient-ils se poser sur l'autre rive du cinéma, là où se trouvent James Cameron et Alfonso Cuaron. A cela, ils continuent de préférer la grisaille des bars où chantent les perdants. Beau film, Llewyn Davis, brille donc d'un éclat un peu triste.
    anonyme
    Un visiteur
    4,5
    Publiée le 24 mai 2013
    Et voici mon grand favori de cette sélection officielle 2013. Inside Llewyn Davis est une bouffée d'oxygène dans cette compétition aux nuances plutôt sombres.
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