De Leos Carax je ne connaissais que le tiers de Tokyo ! (tourné conjointement avec Michel Gondry et Bong Joon-ho), qui m’avait paru assez nettement comme le moins bon des trois. Las, devant le pataquès autour d’Holy motors, je domptais ma méfiance et lui redonnais une chance. Me voilà donc de nouveau face au remarquable monsieur Oscar, cette fois dans les habits d’un acteur de rue, littéralement. Chaque nuit, il parcourt les avenues du fond de sa limousine, se démaquille, se remaquille, se déshabille, se re-déguise, puis s’incruste dans les scénettes variables dont se nourrit la ville, grimé, fardé, entièrement travesti, et surtout bizarrement insubmersible. Il symbolise la vénérable « magie du cinéma » : il résiste à tout, des balles aux coups durs, quand il joue les rôles qui lui tombent du ciel ; puis il s’envole sur son paquebot routier, où il s’immerge instantanément dans son texte suivant. C’est sûr, un hommage au septième art si appuyé ne pouvait que ravir les affiliés de la profession. Mais qu’en est-il des autres ? Passée la lourde métaphore, que reste-t-il ? Eh bien, une suite de sketches qui misent tout sur l’absurde, sans être jamais vraiment ni drôles, ni accrocheurs, et qui donnent finalement plus l’impression d’un happening vidéo d’art contemporain que d’un vrai long-métrage. Clivant, très, trop, et à la fois peu abouti dans son écriture, l’essai loupe le coche, du moins à mon sens – et je sais n’être pas forcément des plus représentatifs ici. Vous savez ce que c’est, les goûts, tout ça.