C’est un croisement étrange entre « la rose pourpre du Caire » et « Mulholand Drive » : une célébration du cinéma, un film fait de films, de l’émotion que procure le cinéma, avec une radicalité artistique qui fait penser à l’art contemporain. Devant l’art contemporain, on peut comprendre et aimer, ou trouver que c’est prétentieux et qu’il n’exprime qu’une vision autocentrée, tout à la gloire égoïste de son créateur. Ici il est moins question d’un langage poétique, que permettrait une caméra stylo, une écriture personnelle, mais de dispositifs successifs. Elégante la caméra l’est quand elle produit avant la scène de comédie musicale des mouvements : faire danser la caméra pour annoncer une scène de danse, comme dans « Tous en scène » et la danse à laquelle se livrent Fred Astaire et Cyd Charisse. « La beauté est dans l’œil qui regarde », c’est une participation active du spectateur, une forme de interaction qui m’avait échappé, pensant que l’interaction était réservée à la construction du récit, à la participation au récit. Cet aller-retour émotionnel, je prends de l’œuvre, non ce qu’elle me donne à voir, mais ce que je choisis d’y voir, en fait c’est toujours le cas. Le début du film est assez étrange, une porte dérobée sur un mur couvert d’une tapisserie représentant une forêt, on passe à Wood, Holly Wood, Holy motors, les hommes ne veulent plus entendre action moteur, Leos Carax, je ne sais pas, semble dire que le cinéma est en train de s’éteindre, du manque de désir, d’émotion, et l’homme n’est plus qu’un primate, pourquoi donner ce ton crépusculaire au film ? Le film peut agacer, mais il est toujours surprenant, il y a de nombreuses scènes dans un cimetière, le Père Lachaise, et cette bête qui mange les fleurs, comme si il se nourrissait de ce qui est beau, et qui sa laideur repoussante tombe sur une séance photo d’un mannequin, et il rhabille ce mannequin en le couvrant d’étoffes comme pour passer de l’image de la femme occidentale à celle de la femme musulmane puisque celle-ci finit par revêtir une burqa : je ne sais pas si il y a une intention politique, sans doute un message de tolérance. Sinon on visite Paris, tous les lieux des égouts, aux catacombes, des cimetières aux palaces, tous les monuments sont visibles, le fouquet’s !, les rues, les allées, le magasin la Samaritaine qui est en passe d’être détruit et réaménagé en hôtel, comme on visite les cinémas, la comédie musicale, une scène de motion capture,….