Pour tenter de faire une critique complète de ce film il faut, il me semble, en distinguer séparément le fond et la forme.
Commençons par la forme.
Techniquement le film est très bon: les effets spéciaux sont convaincants et la réalisation est agréable. Les acteurs sont tous bons, livrent un portrait lisible et honnête de leur personnage, et portent véritablement le film. Le scénario quant à lui, bien que satisfaisant dans l'ensemble, pèche par moments. Effectivement, l'incursion de l'univers Disney dans la SF est plutôt convaincante, en tant qu'elle mêle plusieurs univers "historiquement" associés à ce genre (un visage post-apocalyptique, un autre plus "lisse", le steam-punk...) globalement dans la bonne mesure, et dont le résultat final est assez équilibré sur ce point; chaque "univers" dessert un aspect particulier de l'intrigue.
L'histoire en elle-même est loin d'être honteuse, et elle ne devrait déconcerter ni les fans de Disney ni les fans de SF.
En revanche, la construction générale peine un peu: en effet, le film est assez long à démarrer (l'histoire de Franck n'apporte pas grand chose au reste du film, étant donné qu'elle nous est réexpliquée lus tard, et la coupure vers celle de Casey laisse presque entendre que rien n'a été accompli dans cette introduction), et trop rapide à se terminer (le climax arrive tellement vite que l'ambiance post apocalyptique, attendue au tournant car teasée pendant environ une bonne demi heure, de la scène peine à s'imposer face à l'enchainement effréné des péripéthies).
Mais malheureusement si la forme s'avère malgré tout honorable, le fond de ce film l'est beaucoup moins. En effet, il clame que la fin (ici le progrès) justifie les moyens (qui sont multiples: brûler un tracteur pour faire diversion, et pénétrer pendant ce temps dans la maison de l'agriculteur, assommer un gendarme d'un coup de taser du futur, tuer - oui oui - ... et qui finiront TOUS par payer, c'est à dire aider nos protagonistes à sauver Tomorrowland, allégorie du progrès). Et cette morale est poussée jusqu'à son paroxysme
lorsque les héros font le choix, non pas de partager ce progès avec le reste de l'humanité (logiquement c'est malgré tout ce qui devrait arriver, mais ça a déjà échoué une fois, il y a fort à parier pour que la nature humaine reprenne à nouveau le dessus sur de si nobles desseins), mais de poursuivre la quête du progrès dans une société élitiste puisque, morale utilitariste oblige, les Hommes qui ne sont pas des "rêveurs optimiste" (anciennement ingénieurs hors pairs, mais c'est du même acabit) entraveraient la poursuite optimale de ce beau projet...)
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En outre, le film se révèle d'un progressiste assez effréné (
autant dire que les gens qui ont peu d'imagination - qui ne sont pas des "rêveurs" donc - ne méritent pas de vivre dans le monde de demain, un monde de "rêveurs optimistes" - je sais que cette expression est sensée s'opposer aux cartésiens pessimistes du début du film, toujours dans le constat désastreux et jamais dans l'action, mais c'est finalement l'autre extrême que le long métrage promeut: un monde de hippies incompétents; mais que viennent faire des travailleurs à la chaîne et des gardes-chasse dans un monde sensé repousser les limites du progrès?!
).
Ainsi, ce film est assez inégal: bien que de bonne facture sur la forme, c'est le fond qui, je trouve, peine: À défaut d'être vide, le film prône une morale que je trouve presque honteuse et s'adresse, qui plus est, à un jeune public... Pas mal donc, mais équivoque... ???