Le nouvel Hunger Games, le nouvel Hunger Games… Lors de la promotion de Divergente, cette phrase n’arrêtait pas de pulluler dans les médias et les divers réseaux sociaux. Il est vrai qu’Hunger Games est l’initiateur même des teen movies ayant pour fond un monde post-apocalyptique et des adolescents comme protagonistes. Mais ne serait-ce pas vendre la peau de l’ours avant de l’avoir tué ? Car, en observant bien les teen movies dans leur intégralité, seules les sagas Harry Potter et Hunger Games ont eu un succès indiscutable. Les autres n’ont même pas été jusqu’au second opus (Numéro Quatre, Les Âmes Vagabondes…) ou ont marché sans avoir de succès critique (Twilight). D’abord, est-il tout à fait convenable de comparer Divergente à la trilogie écrite par Suzanne Collins, cinématographiquement parlant ?
Rappelons ce qu’est Hunger Games pour le 7ème art. Il s’agit une franchise de pur divertissement destiné avant tout aux adolescents. Mais contrairement à tous les longs-métrages de cet acabit, ces films ne se sont jamais montrés prétentieux en mettant de côté le visuel de l’ensemble (pas de surdose d’effets spéciaux) et l’action à base de testostérone. Proposant qui plus est des comédiens, novices et connus, qui s’en sortent convenablement, en interprétant des personnages plutôt bien écrits et qui servent une histoire qui ne prend nullement le spectateur pour un abruti (étant palpitante, intrigante et touchante, tout en le laissant découvrir par lui-même). Voilà ce que sont les films Hunger Games ! Le défi était donc de taille pour Divergente, que beaucoup voient déjà comme la saga héritière des aventures de Katniss. Un a priori qui s’effondre dès les premières secondes du film !
N’ayant pas lu le livre, je ne m’attarderai pas sur quelques détails (scénario, trames, décors, système social) qui semblent provenir d’autres œuvres du même genre, voire d’autres films cultes et intemporelles (Bienvenue à Gattaca en tête). Je vais donc critiquer le film tel que je l’ai vu : comme un produit pour adolescents incroyablement prétentieux ! Un divertissement qui se fiche totalement de ses clichés, de ses personnages bien trop fades et de ses répliques d’une connerie monumentale à tel point qu’il nous débite son scénario sans s’en préoccuper d’avantage. Il nous balance cet univers à la figure sans explication alors que les questions fuseront dans votre tête au générique de fin (
pourquoi protéger Chicago avec une clôture ? Que peut-il avoir de l’autre côté ? Pourquoi est-ce un monde post-apocalyptique ? Que s’est-il passé pour en arriver là ?)
. Ces dernières trouveront sans doute des réponses dans les opus à venir, mais cela prouve que les producteurs s’attendaient tellement à ce que ce film marche qu’ils n’ont pas daigné planter le décor convenablement au cas où le film serait sans suite. Ils n’ont donc pris aucun risque : on présente nos personnages, on met en avant des séquences palpitantes et des effets spéciaux en gros plan pour attirer les jeunes boutonneux, et le tour est joué ! Du moment que ça bouge et que cela se montre intéressant, pourquoi pas ? Mais Divergente se vautre lamentablement…
Cette adaptation regroupe toutes les tares inhérentes au genre. Ainsi, vous y retrouverez un ensemble aussi niais et sans âme que Les Âmes Vagabondes (le jeu de mot n’était pas voulu). Des moments qui se veulent spectaculaires comme pour Numéro Quatre et Jumper mais qui n’arborent pas la qualité visuelle qu’il aurait fallu pour rendre cela crédible (les effets numériques ne sont pas de la première fraîcheur). Une bande originale à la Twilight qui ne compte que sur des chansons sans intérêt plutôt que sur une bonne composition musicale qui aurait créé une ambiance. Et enfin, un scénario aussi vide que la mise en scène et des personnages sans consistance comme la plupart des teen movies. Oui, vous comprenez maintenant pourquoi comparer Divergente à Hunger Games est une insulte sans nom ! Qui prend sa cible, les adolescents, pour des abrutis en leur servant rien d’autre qu’un banal récit d’apprentissage à la Stratégie Ender alors qu’un tel univers (
société divisée en catégories, régime autoritaire…
) aurait pu donner quelque chose d’intéressant s’il avait été creusé ne serait-ce qu’un minimum, en prenant également les personnages secondaires un peu plus au sérieux au lieu de les mettre de côté. Là, juste un récit narré avec une voix-off énervante, comme si le public pré-pubère avait besoin qu’on lui tienne la main au lieu de réfléchir par soi-même…
En plus de cela, le casting n’est pas des plus folichons, bien qu’on ait vu pire par le passé. Shailene Woodley a quelque chose, cela va de soi. Mais elle ne crève pas autant l’écran qu’une Jennifer Lawrence. Surtout qu’elle avait déjà montré son talent dans d’autres oeuvres ! Ici, elle se laisse noyer dans la machinerie hollywoodienne en jouant sans aucune ambition, tout comme son partenaire de The Spectacular Now, Miles Teller. Il n’empêche, ces deux-là restent bien meilleurs que les autres comédiens dont Theo James, le beau gosse de service qui ne joue… que le beau gosse, ni plus ni moins. Quant aux « stars », c’est également tout le contraire d’Hunger Games. Alors que pour cette saga, Woody Harrelson et consorts s’impliquaient suffisamment pour rendre leur personnage respectif crédible, pour Divergente, c’est l’hécatombe ! En priorité Kate Winslet, la Rose de Titanic, qui semble se foutre d’être présente, du moment qu’elle touche son cachet. Ashley Judd, actrice des 90’s qui peine à retrouver le devant de la scène, et qui se retrouve à apparaître dans ce projet pour montrer qu’elle existe encore. Maggie Q qui s’incruste à l’écran de temps en temps… Juste Jai Courtney est celui qui s’en sort le mieux, son côté inexpressif et froid allant très bien au personnage d’Eric.
Après, ne cachons pas que Divergente saura divertir le temps de son visionnage, ayant un rythme soutenu qui n’endort aucunement, même si la dernière demi-heure se présente comme de l’action facile et balancée à la va-vite. Mais on est bien loin d’un teen movie ayant la carrure d’un Hunger Games ! À la place, nous avons un pur produit hollywoodien sans âme et prétentieux qui attire les adolescents comme des mouches pour en faire son business. Le pire, c’est que ça marche !