(Presque) comblé ! Je rêvais depuis des années d'un film dans lequel un bébé tout mignon tout plein ah reu ah reu se prendrait un coup de poing dans la gueule, "Moi, Député" l'a fait ! Encore mieux, on a droit à une scène où le gentil chien-chien de "The Artist" se prend lui aussi une poignée de salsifis dans la truffe ! Rien que pour ça, "Moi, Député" aurait mérité d'accéder au rang de chef-d'œuvre culte instantané. Mais à part ça, malheureusement, le film s'élève assez rarement au delà de son pitch et de son casting prometteurs. Alors qu'on pouvait s'attendre à une satire grinçante délivrant une morale (ou contre-morale) pleine de cynisme et de lucidité salvatrice sous l'habile déguisement du divertissement primaire et bas du front (comme pouvait l'être "Frangins malgré Eux"), "Moi, Député" ressemble plus à une comédie gentillette sur le combat politique moderne qu'à un dynamitage en règle de l'illusion libérale démocratique. De la même façon, si le potentiel comique promis sur l'affiche par la rencontre de deux monstres tels que Will Ferrell et Zach Galifianakis est bien présent à l'écran, on a quand même l'impression que les deux acteurs sont un peu sous-exploités (Ferrell, surtout). Cela dit, "Moi, Député" s'avère excellent dans sa première partie, même (ou surtout, plutôt) dans ses moments les plus outranciers, en exposant les dessous un peu merdeux de la politique et du suffrage universel, que ça soit sur la forme (bassesses électoralistes, slogans creux, discours vides...) ou sur le fond (la démocratie en tant qu'agent servile du capitalisme, l'illusion de la liberté du choix...). Tout ça dans le cadre champêtre du Sud des Etats-Unis et de son charme rance : l'accent à la con (mention particulière à Galifianakis), les relents racistes (la gouvernante asiatique obligée de parler avec un accent noir-américain pour satisfaire son employeur, hilarant !), la stupidité profonde, la bigoterie et le patriotisme exacerbés... Le problème vient plutôt de la fin qui s'abandonne au happy-end d'usage et succombe à un idéalisme béat et sucré assez mal venu vu tout ce qui a précédé. Et, pour couronner le tout, on pourrait aussi assez facilement (et pas injustement) taxer "Moi, Député" de misogynie : la bimbo écervelée qu'on culbute, la mégère cupide qui nous castre, l'épouse délaissée puis infidèle qu'on pardonne dans un grand élan de paternalisme dégoulinant... voilà la représentation du beau sexe dans le film ! Belle brochette ! Comme le marmot ou le cabot, mais de manière plus pernicieuse, 50 années d'émancipation féminine se prennent un direct en pleine poire ! Navrant mais bon, on rigole bien (gras) quand même, et "Moi, député" se révèle une comédie somme toute assez plaisante et agréable à regarder. Pour le côté politique US et pour l'antagonisme aujourd'hui désuet "idéaux/real politik", par contre, on préfèrera les classiques "Mr. Smith au Sénat" ou "Votez McKay", ou alors même la réalité parfois aussi outrancière que la fiction (la convention républicaine à Tampa, quelle poilade !). Mais quand même, merde, un film où un mioche et un clebs se font dérouiller...