Alors qu'il est bientôt l'heure pour moi de payer mes premiers impôts, de faire ce geste merveilleux et altruiste je vais voir le dernier Aronofsky et j'ai l'impression de payer un impôt sur la connerie. Je savais que ça sentais l'entourloupe à plein nez, Aronobide annonce à chaque film de plus en plus la couleur et sort de plus en plus du placard en hurlant "je suis un tocard et je me prends pour un artiste mais en fait je fais des films pour ados". Mais j'ai été con, j'y suis allé, je paye, c'est normal.
Ben là ça y est. C'est bon, c'est officiel, dans quelques années on parlera d'Aronobide comme on parle maintenant de Night Shymalabanane.
Honnêtement le mec vient d'inventer un nouveau genre là le film biblico héroïco fantaisiste, et pas certain que ça soit pour un bien. De toute façon un film sur Noé je ne vois qu'un type comme Dumont pour réaliser ça (et pas certain que ça l'intéresse), car il comprend la tendresse des corps, les personnages qui sont limites autistes car ils sont profondément simples. Aronofsky lui il capte que dalle. Il n'a pas la lumière à tous les étages le pauvre.
Mais avant la litanie des défauts évidents de ce film j'aimerai tout de même dire que j'ai apprécié deux ou trois choses qui le sauvent de la débâcle totale. Au milieu de ce foutoir qui peut aller direct à la poubelle il y a trois passages qui valent le détour, le montage de la source qui s'étend, le passage de la genèse (sauf le truc avec le jardin d'Eden qui est super moche et numérique, je ne comprends pas pourquoi il a fait ça, c'est tellement laid) et le moment où Noé explique à son fils qu'il sera le dernier homme sur Terre, je trouve cette idée réellement terrifiante à raconter à un gosse.
Mais à part ça c'est n'importe quoi. Je ne suis pas croyant donc je suis peut-être mal placé pour venir parler d'hérésie, mais bon on devrait tout de même interdire les tocards de s'approcher des textes fondateurs. On peut en faire une relecture intéressante, personnelle tout en collant avec l'histoire que l'on connaît tous (c'est ce que fait Pasolini avec l'évangile selon saint Matthieu, Médée ou Oedipe Roi). Mais je suis désolé les trolls qui aident Noé à construire son arche, c'est juste pas possible, on croirait les Ents dans les deux tours qui attaquent Isengard. Il y a un problème quand même là.
Le méchant... je me serai cru dans Conan. Je veux dire, c'est bien d'avoir des influences, etc, mais à un moment donné tu ne peux pas faire tout ce qui te passe par la tête avec un matériau de base qui existe déjà, juste parce que tu as envie. Surtout que c'est d'un mauvais goût certain. Pire tes bidules là n'ont aucune personnalité comment veux-tu qu'on soit ému ou autre, qu'on s'intéresse à eux, c'est des "deux ex machina" ces trucs, qu'on y croit ?
D'ailleurs vu le sujet, le film croit bon de répondre à tout par des Deus Ex Machina. Ouais mais non, dans le film on te dit sans arrêt que Dieu ne fait rien, etc, c'est pas pour qu'il t'aide toutes les 30s avec ceci ou cela.
Mais bon, passons outre les bestioles de pierre vu qu'on ne les voit que pendant la moitié du film, après dans l'arche on peut faire un truc plus intimiste non ?
Ben oui il tente, sauf que non, il ne peut pas, il a déjà un casting calamiteux (on dirait qu'il y avait un taux d'handicapés à respecter) quand on voit le jeu insupportable de Watson et de l'autre gland qui joue dans Percy Jackson, c'est insupportable.
Watson est là avec ses mimiques elle est incapable de déconstruire son jeu pour être dans la retenue, nan elle croit toujours qu'elle tourne pour le premier Yes Man venu dans Harry Potter qui de toute façon n'a aucune idée de comment diriger ses acteurs. J'ai envie de lui faire ravaler au sens propre son petit jeu de sourcil, son expression fausse de la bouche. Là où au contraire Crowe et Connelly arrivent plutôt bien à être dans la retenue.
Mais il ne faut pas croire qu'ils arrivent à être émouvants, non, penses-tu, ça serait croire qu'Aronobide sait mettre en scène. Bien sûr qu'il ne sait pas. Vers la toute fin on a une étreinte qui veut dire beaucoup de choses, le pardon, tout ça tout ça.
Dans Hadewijch de Dumont le film se conclut aussi par une étreinte qui est sans doute un des plus beau moment de cinéma qui soit. Là chez Aronofsky, il expose toute sa vulgarité, c'est filmé de trop près, avec une musique en fond pour bien te montrer, te dire ce qu'il faut penser, ressentir, etc. C'est gerbant. Réellement.
J'en oublierai presque le principal : "on s'en fout" mais totalement du film. C'est quoi cette petite intrigue avec Watson qui est stérile. On s'en fout, on sait qu'on existe et que donc l'humanité va survivre.
La fin de cette intrigue aurait néanmoins pu avoir la classe et la beauté brute de la fin de la prisonnière du désert, sauf que non, on n'a aucun doute, rien, c'est juste plat. Et puis honnêtement vu la tronche de Watson dans cette scène elle mérite bien ce qui risque de lui arriver. On devrait faire des lois contre ça.
Le film rate tout ce qu'il entreprend, il y a un moment où c'est gênant, trop long. Le film prend même le temps expliciter son message, faut bien mâcher pour ceux qui se seraient endormi durant le film (ce qui peut se comprendre tant on dirait que le "metteur en scène" s'est endormi en le faisant.
Et puis il y avait bien mieux à faire, l'idée de la création, le récit biblique, je trouve ça passionnant et fascinant, mais si c'est pour en faire ça, faut juste s'abstenir tant c'est creux, non habité.
Si on excepte l'intro bien kitch et le côté très manichéen, j'aime bien au début ce côté très austère dans les décors, Noé qui cherche des fleurs, ce genre de choses. C'est le genre de choses qui laisse de la place à l'invisible, au divin de s'installer. Sentir sans voir.
Mais non on vire à cette débauche d'effets numériques moches, puis à ce psychodrame des familles avec un dilemme qui n'en est pas un.
Je dois dire que je me sens réellement consterné, ce piètre résultat avec ce potentiel à la base ?
En tous cas ça m'a donné envie de voir la bible de John Huston...