Au début des années 80, deux cousins traversent l'Europe pour rencontrer des Refuzniks, ces juifs persécutés par le régime soviétique. Carole, insouciante, inconsciente, pleine d'envie de bien faire et des clichés plein la tête, y attire Jérome, jeune homme timide, plus réservé,maladroit, dont la plus grande motivation est sûrement l'amour incestueux qu'il porte à sa cousine.
Ce film nous immerge avec brio dans cette URSS profonde et méconnue. Dès les premières images, la beauté de la photo nous projète dans cette ancienne Ukraine morne et triste d'il y a 30 ans.
Soko, très crédible en adolescente candide, presque idiote parfois, nous touche profondément dans la véracité de son jeu. Le personnage de Jérome, brillamment interprété par Jeremy Lipmann, évolue tout au long du film. De l'adulescent gauche et novice en amour, on voit émerger l'homme qui sera digne de la confiance de Viktor ; un refuznik interprété par un Vladimir Fridmann excellent, aussi grinçant qu'émouvant.
Le film interroge intelligemment la notion d'appartenance à une communauté. Comment se sent on faire partie d'un tout ? Quel en est le degré? Quelle loyauté doit on avoir, quel danger sommes nous prêt à affronter pour nos idées ? Et surtout, que ferait on par amour ? Jérome, découvre avec brutalité ce monde féroce, qu'il n'a accepté de connaitre que pour Carole, pour finalement s'y impliquer bien plus qu'il n'y aurait songé. La fin du film, sans vouloir trop en dire, nous laisse rêveurs sur nous premières amours, cette générosité et cette intransigeance qu'on a quand on a 18 ans. L'amour de jeunesse dure et perdure au fil des ans, qu'il soit interdit ou pas. Victor à beau ironiser sur la notion de liberté, on est pourtant fidèle à vie aux idéaux de nos jeunes années. C'est donc un film émouvant, à la photo irréprochable, que je conseille à tous cinéphiles en manque de poésie.