Casting très solide, réalisateur très talentueux, histoire harmonieusement tragique, photographie superbe, bande-son remarquable et j’en passe, The Place Beyond the Pines devient dès lors, à mon sens, la première bombe 2013. Si le film n’a pas la coté culte de Drive ni la candeur d’un The Dark Knight, il n’en reste pas moins un hit actuel dans le genre drame policier. Derek Cianfrance, très proche de son film, travail à l’huile de coude pour renforcer les émotions suscitées par les destins aléatoires de ses personnages, un père, un deuxième père puis deux fils. L’Etat de New-York, le New-York prolétaire dans toute sa splendeur, sans compter sur de superbes prises de vues en moto.
S’il n’est ni un film d’action, ni même réellement un film policier, celui-ci démontre tout de même une richesse remarquable dans tous les domaines. Que ce soit dans les poursuites à moto, la façon de montrer les dérives de la police, tout y est quasiment parfait. Par ailleurs, autant Ryan Gosling est énorme, autant Bradley Cooper, plus timoré, offre une prestation de toute grande classe. Oui, le premier, cascadeur ambulant bardé de tatouages de taulards et au regard triste est le clou de film, le personnage culte que l’on pourra retenir par la suite. Mais le second, Cooper, prendra la place du premier dans un univers tout aussi sombre, nous rappelant de par ses actes l’importance et l’irréversibilité de ses faits et gestes. Qu’il est combattu pour rester lui-même, son passé pourra-t-il le rattraper?
Deux acteurs très solides, en pleine force de l’âge et aux choix de rôles judicieux ne feront ici que se croiser pour bouleverser la vie de leurs descendances, fils du même âge qui se retrouveront adolescents. Si le concept est charmeur, indéniablement intéressant et déclencheur d’émotions, il faut tout de même s’avouer moins charmer par ce dernier tiers, sans doute faute de pouvoir admirer à l’écran le travail des deux énormes acteurs précédents, même si Cooper passe de-ci de-là. Une formidable fresque bi-familiale, en quelque sorte, ou Eva Mendes, que l’on avait plus vu depuis des lustres, revient donner un coup de sérieux à sa carrière, aux cotés de son homme à la ville.
L’on retiendra donc un film d’une toute grande maîtrise, captivant, lyrique et d’une discrète tristesse la bienvenue. L’on ne pourra passer à coté d’un Ryan Gosling presque aussi monumental que dans Drive, ni à cotés du reste du film, des tribulations de Ray Liotta, de Ben Mendelsohn et j’en passe. Un formidable travail de metteur en scène, un vrai, qui n’est pas nécessairement là pour l’argent mais pour raconter une histoire, une vraie histoire. Lorsque le réalisateur, les scénaristes, les acteurs et toutes l’équipe technique sont pleinement impliqués, l’on ne peut qu’applaudir des deux mains. Formidable quoiqu’un brin timide sur la fin. 18/20