Ce film est d'une beauté époustouflante.
C'était pourtant mal parti entre lui et moi: j'avais visionné "Blue Valentine", la première collaboration entre Cianfrance et Gosling, quelques semaines auparavant, et autant vous dire que j'avais trouvé ça tout à fait laborieux, et excusez-moi le terme: chiant. Aller voir The place beyond the pines, c'était surtout un prétexte pour m'extasier en tant que groupie number one de Gosling (avec le printemps qui arrive..).
Mais voilà, il faut dire c'qu'y est: ce n'est pas tant Ryan Gosling qui remportera mes louanges cette fois-ci, mais plutôt le reste du casting. On retrouve en effet celui-ci dans son registre habituel: le blondinet massif au regard vague et dur qui se découvre un coeur.
Et comme l'auront signalé d'autres avant moi, on a l'impression de voir Ryan Gosling dans un Drive version deux roues. Ca en devient sincèrement lassant: sur 5 films de sa filmographie (Notebook, Blue Valentine, Crazy Stupid Love, Drive, et enfin The place beyond the pines), À CHAQUE FOIS il joue le rôle du p'tit dur (ou autre qualitatif) au coeur tendre et aimant; bon, j'exagère sûrement un peu. Mais ce que je veux dire, c'est que c'est sûrement pas Gosling qui a fait de "The place beyond the pines" un chef d'oeuvre.
Bradley Cooper, lui, est tout simplement sublime, c'est son premier rôle vraiment "dramatique", et il réussit vraiment à magnifier Avery Cross, flic idéaliste qui finit par faire sienne l'adage "la fin justifie les moyens", et qui pourtant reste mortifié par le remord
(dixit la scène dans le bois où il pleure à genoux face à Jason, et s'excuse auprès de lui, ce dernier trouvera d'ailleurs une photo de sa "véritable famille" dans le portefeuille d'Avery: scène absolument à couper le souffle) .
Eva Mendès sort (enfin!) de son éternel rôle de sex-symbol à la peau hâlée, elle nous livre ici une femme désabusée mais amoureuse qui tente tant bien que mal à s'accrocher à la vie. Et autant vous dire qu'elle joue très bien son rôle, et ce jusqu'à ses traits: on y lit tantôt la fatigue, l'amour, le désespoir, formidable la Mendés.
Mais pour moi la révélation du casting est définitivement Dan Dehaan que je découvre pour la première fois, ce type a 27 mais en paraît 10 de moins. Mais quelle puissance dans ce jeu, dans cette voix et ce regard ! Il joue parfaitement bien le petit adolescent névrosé. On ressent vraiment une alchimie entre Dan Dehaan et Emory Cohen, quelque chose de très fort, indescriptible. Autant vous dire de le 3éme acte déjoue tout ce que vous auriez pu vous faire à l'idée du film.
Bref un casting parfait, un vrai régal, les personnages ont une telle profondeur, et puis 0 manichéisme ici, personne n'est parfait, et ça, ça fait plaisir. Mais le film ne serait probablement rien sans la patte scénaristique et de scénique de Cianfrance. Le choix de cette ville perdue parmi les pins, les plans tout à fait juste et qui retranscrivent parfaitement l'ambiance voulue, le choix de la bande-son,
je pense notamment à la scène de "fête" de la 3éme partie, dans laquelle on est en parfaite immersion
bref tout est absolument parfait.
Bref je ne pourrais longtemps déblatérer dessus, mais des fois les mots les plus simples convainquent : N'HÉSITEZ PLUS ET FONCEZ VOIR CE CHEF D'OEUVRE, qui est sûrement l'un des meilleurs films que l'année 2013 peut nous offrir.