Les studios Laika surfe sur le succès critique de Coraline pour asséner leur vision du cauchemar enfantin avec ParaNorman, pour ne pas utilisé le titre français, en dessous de tout. Ici, place aux légendes usées jusqu’à la corde, qui ne survivent que par un contexte changeant, celles des fantômes et autres morts vivants. Qualitativement parlant, ParaNorman s’illustre très vite comme une pépite du genre, textures soignées, rythme percutant et bande-son remarquable sont là pour le démontrer. Le film profite également de la technologie 3D, s’il l’on peut parler d’en profiter. Oui, ici, le concept n’est pas abouti, manquant de profondeur, d’effets enjoliveurs garantissant le succès d’une telle production auprès d’un public à l’œil affuté. Ce dernier point n’a toutefois qu’une importance toute relative et ne doit être pris en compte pour appréhender les réelles qualités du film de Sam Fell et Chris Butler.
La vue du film, s’adressant aux enfants mais pas uniquement, comme tout bon film d’animation qui se respecte, Le Lorax, pour exemple, n’en fait pas partie, m’a tout bonnement remémoré le concept des romans horrifiques pour enfants, Chair de poule. Oui, s’il n’effraie pas, ce serait le comble, ParaNorman profite tout de même d’une mise en scène usant des codes du genre horreur, apparitions furtives, montées éphémères en puissance de la musique, une des grandes réussites ici, disons-le, tout comme des angles visuelles propres au style. L’immersion est donc garantie, manquant toutefois d’un poil d’ambition dans la représentation des fantômes, colorés, mal fichus. L’on notera que la scène finale surprend de par son approche quasi science-fiction, propulsant Norman et la sorcière dans un monde illusoire se dégradant au fur et à mesure de la colère de cette dernière.
ParaNorman est aussi un film qui utilise judicieusement les stéréotypes de notre époque, tout moderne qu’il est. S’il est drôle, souvent, il peut aussi être parfois niais. Osé sur certaines séquences, il redescend malheureusement très vite au niveau d’un dessin animé pour tous petits dans les séquences qui suivent. J’ai par ailleurs été surpris par quelques répliques bien torchées ne semblant pas se trouver dans leurs contextes, c’est sans doute là un point positif, démontrant la plurifonctionnalité du film. Mais là où le bas blesse, c’est qu’aucun des personnages n’est réellement attachant. Oui, Norman est l’exemple même d’un petit garçon pleurnichard mais courageux, les ados sont débiles et les adultes convenus. Dommage, il manquait sans doute ça par parachever de conquérir une majorité du public.
Amusant mais vite oubliable, du fait d’un manque d’attachement aux personnages, la force de notamment la firme Pixar, pour rester dans le genre animation. Trop impersonnel, sans doute, bourré de bonnes idées mais n’allant pas jusqu’au bout dans le développement des protagonistes de l’aventure. Pour terminer, disons que ParaNorman mérite amplement d’être vu, au moins pour notre culture cinématographique et pour se rendre compte que le film d’animation ne s’adresse finalement pas qu’à nos descendants, écoliers et autres petites terreurs. 10/20