La mort, qu'est-ce que c'est quand on a 9 ans en 1981 ? Rachel Gladstein n'en a qu'une idée lointaine, et dans l'espace (la famine au Sahel), et dans le temps (son père Michel, Juif polonais, est un rescapé d'Auschwitz où il fut déporté tout enfant avec sa famille). Il y a bien une petite camarade d'école (au demeurant du type pimbêche) récemment orpheline de mère, mais cela reste flou. La mort, en fait, c’est ce qu'elle espère, qui la délivrerait de la présence de parents tardifs et étouffants (Michel donc, et Colette), comme elle l'avoue à sa pédo-psy, Mme Trebla ! C’est aussi ce qui a oublié sa grand-mère maternelle hors d’âge, ancienne mère indigne, rapatriée chez elle par Colette à la suite d'une conduite "inappropriée" avec certains pensionnaires de sa maison de retraite, et logée dans la chambre de la gamine.
Mais quand la Camarde s'invite incongrûment, indignement, dans son univers intime, en frappant Valérie, sa seule amie, mieux que sa soeur, son alter ego.....
Carine Tardieu (réalisant l’adaptation ici d’un roman de Raphaëlle Moussafir, en coécriture d’ailleurs avec l’auteur de l’œuvre d’origine, pièce puis roman) réussit à nouveau (après « La Tête de Maman », sorti en 2007) un parfait dosage entre humour (enfantin, avec les énormités et la candeur appropriées, car le récit est largement mené du point de vue des deux jeunes héroïnes) et émotion. Les actrices en herbe sont plutôt bonnes (Juliette Gombert/Rachel, et Anna Lemarchand/Valérie la délurée), et le casting adulte est lui aux petits oignons (4 sociétaires du Français, dont Denis Podalydès/Michel, impeccable, mais aussi Agnès Jaoui campant une mère impliquée autant que débordée, Judith Magre impressionnante en aïeule, Isabelle Carré/Catherine, la mère divorcée de Valérie, en négatif absolu de Colette apparemment, et pourtant… Isabella Rossellini étant la seule détonant dans le rôle de la psy). Film délicat, drôle et positif, car quoi qu’il arrive, on a toujours « du vent dans (ses) mollets » !