Précédant 1001 Pattes, Fourmiz fut la première pierre à l’édifice d’une rivalité toujours d’actualité dans le domaine lucratif de l’animation ; et que dire si ce n’est que l’ainé des films en images de synthèse de chez DreamWorks impressionnait de prime abord au regard de son casting vocal (, ne, , n…), pour un résultat final des plus particuliers. En ce sens, difficile d’apparenter Fourmiz aux autres long-métrages d’animations classiques, tant celui-ci nous propose un récit aussi adulte que mature, tout le contraire d’un enfantin 1001 Pattes en somme. Le caractère atypique du film repose donc sur son univers avant tout réaliste, notamment d’un point de vue visuel, mais surtout au travers de ses protagonistes, dont la figure principale qu’est Z-4195 est savamment introduite : l’excellente scène d’introduction est ainsi une superbe mise en bouche, fort d’un monologue sur divan névrosé et pessimiste, et d’une chute éloquente comme pas deux. On comprend donc rapidement ce qu’est la vie en fourmilière dépeinte par le scénario d’Alcott et des frères Weitz, soit un monde proche du communisme humain poussé à son extrême, et on accroche tant bien que mal au personnage de Z, sorte d’anti-héros pas forcément attachant mais nécessaire à l’intrigue. Celle-ci est d’ailleurs globalement réussie, la trame de Fourmiz offrant bon nombre de péripéties intéressantes, mais aussi surprenantes telle que l’affreuse bataille contre les termites (qui m’aura bien marqué dans mon enfance), rappelant la maturité palpable d’un récit définitivement en dehors des productions (Pixar comme DW) standards passées et à venir. Toutefois ceci a un prix, et l’humour insuffisant, ainsi que l’absence de personnages véritablement plaisants, soulèvent les faiblesses d’une intrigue pas toujours passionnante, faisant de Fourmiz une œuvre certes à part mais aussi imparfaite. Dans une même veine, la réalisation visuelle paye son réalisme très marqué (surtout au niveau de la représentation physique des fourmis), qui n’accroche pas vraiment la rétine au bout du compte (on lui préfèrera le chatoyant 1001 Pattes sur ce point). En résumé Fourmiz brille de nombreux éléments matures (propos satirique et autres double-sens), faisant de lui un long-métrage singulier dans le genre, mais aussi une réussite du studio DreamWorks Animation ; pour autant, il apparait comme étant bien loin du niveau d’un certain Toy Story, que ce soit en termes de divertissement ou de réalisation, et ce ne sont pas ses quelques errements qui nous feront penser le contraire.