Les frères Farrelly, drôles de trublions populaires dans les années 90, Outre-Atlantique, notamment de par leur direction conjointe de Dumb et Dumber en 1994, sont de retour en 2014 avec ces mêmes personnages. Depuis longtemps relégués au rang de metteurs en scène dépassés, les deux frangins reviennent pleins de bonne volonté, accompagnés des deux vedettes du film initial, Jim Carey et Jeff Daniels. Tout ce petit monde, conscient du petit cercle de fans de la première heure, n’a jamais cherché à innover le moins du monde, reprenant les personnages de Lloyd et d’Harry là où il les avait laissé 20 ans auparavant. Les mêmes grimaces, les mêmes bêtises et les mêmes ressorts comiques sont ici déployés. Ces ressorts comiques, justement, sont basés sur la stupidité affligeante des deux comparses, une nouvelle fois embarqués dans un Road Trip peu commun qui les mènera au-devant d’un bon nombre d’aventures improbables. La recette est donc foncièrement la même, telle qu’attendue, agrémentée de quelques clins d’œil pour les nostalgiques.
Oui mais voilà, l’esprit déjanté, voire complètement ahuri, du film de 1994, même si ici rien n’a été laissé au hasard, semble difficilement s’adapter à notre ère un tantinet plus moderne. Alors qu’on rit ici gaiement des flatulences, des grimaces et des obscénités puériles débitées à fort taux de répétition, beaucoup se demanderont finalement si le concept n’aurait pas dû rester cloisonner dans les années 90. Pour tout dire, à l’exception de quelques effets visuels mineurs, d’une durée de visionnage un brin accrue, presque deux heures, rien ne change entre les deux films, rides sur les visages à part. Bien sûr, Dumb & Dumber de s’affirme comme une continuité logique, mais là encore, le scénario veut nous faire croire à une bêtise dantesque afin d’expliquer sommairement cette absence durant 20 ans. Personne n’y croit vraiment sauf sans doute les opérateurs en marketing derrière un film opportunistes quasiment certain de fonctionner en salles.
Bref, tout le monde aura compris une notion essentielle. Si les premières aventures de Lloyd et Harry ne vous avaient pas plu, inutile de retenter l’expérience, ici encore poussée plus loin. En somme, voilà un film qui s’adresse purement à ses amateurs inconditionnels, ceux qui aiment rire de tout, ceux qui s’amusent de contempler la bêtise et la stupidité comme modèle humoristique. Attention, ceci n’est en rien un jugement. L’humour étant comme toute chose, chacun ses goûts. Pour ma part, les pauvres Jim Carey et Jeff Daniels, la cinquantaine bien tassée, ou quelque chose s’approchant, m’ont fait de la peine en grimaçant, gueulant et vociférant comme deux gamins d’à peine vingt ans. Alors que chacun d’eux a, depuis 1994, visité d’autres horizons, même Jim Carey, cette nouvelle participation à l’univers des frères Farrelly semble raisonner comme un retour en arrière artistique seulement motivé par le profit. Avis aux amateurs. 07/20