N’étant pas un adorateur du premier opus, j’ai pu voir "Dumb & Dumber De" avec une pression très relative et surtout, un risque très modéré d’être déçu. Résultat : je dois faire partie de l’infime minorité qui, ô sacrilège, a préféré la suite à l’original ! Mon opinion aurait sans doute été très différente si j’avais été fan de "Dumb & Dumber"… mais je trouve que, en tout état de cause, le sort réservé à ce second opus par une bonne partie des critiques est particulièrement injuste. Car, bien que l’effet de surprise soit forcément éventée (non seulement, il s’agit d’une suite mais, en plus, le premier opus a révolutionné le genre à son époque et inspiré bons nombres d’ersatz depuis) et que le scénario affiche un certaine tendance à regarder dans le rétroviseur (ne serait-ce qu’au niveau de sa structure un peu trop calquée sur le film original ou de la reprise de certains gags cultes comme
la voiture chien ou le retour du jeune aveugle devenu adulte
), "Dumb & Dumber De" exploite à fond les 20 années les séparant du premier opus… et évoque son illustre passé plus qu’elle ne le recycle. Car le film ne se repose pas sur ses lauriers et nous réserve des vannes excellentes (
le "voyage" parcouru pour aller de l’appartement d’Harry à la maison de ses parents, la différence "raciale" entre Harry et ses parents qui ne lui met pas le moindre doute sur ses origines, Lloyd et Harry croyant pouvoir être père alors qu’ils ne savent pas comment on fait les bébés
…) et bénéficie d’une mise en scène plus travaillée (on sent que les frères Farrelly ont plus de métier qu’il y a 20 ans) On retrouve toujours le style des deux frangins avec leur humour décalé tendance débilo-scato (on n’échappera pas aux habituelles scènes rectales) mais allégé, à quelques exceptions près, de la lourdeur dont ils ont souvent affublé leurs films. Les vannes sont, donc, plus efficaces, voir plus pertinentes... et ce dès la première scène qui voit un Lloyd hirsute révèle à son meilleur ami Harry qu’il joue les paralytiques depuis 20 ans pour faire une blague ! On ne retrouve pas non plus ce problème qui m’avait tant gêné dans le premier opus, à savoir les réactions pas vraiment crédibles des autres personnages qui paraissaient aveugles face à la débilité des deux héros. Ici, les seconds rôles en sont très conscients, ce qui vient considérablement appuyer les ressorts comiques. Même les vannes scato sont plus drôles qu’à l’accoutumée (voir l’excellent jeu de voiture où les participants doivent deviner qui a pété… qui avait tout pour être d’une navrante vulgarité et qui s’avère redoutablement réussie) et parviennent, davantage que dans le premier opus à mon sens, à s’inscrire dans la logique des personnages (qui sont avant tout deux gamins attardés dans des corps d’adulte). Il faut dire que, une fois de plus, le film doit énormément à son duo vedette. Jim Carrey s’offre un retour ébouriffant dans l’un de ses rôles cultes (et, plus généralement dans le genre "comique outrancier", qui a fait sa renommée) et Jeff Daniels est toujours aussi étonnant dans ce rôle de débile profond qu’il n’a que très peu tenu, par ailleurs, dans sa carrière. Leur complicité paraît intacte et leur interprétation est plus affinée (ou, plutôt, moins braillarde). Ils sont, par ailleurs, entourés d’excellents seconds rôles, tels que Laurie Holden ne veuve noire, Rob Riggle en amant assassin (son deuxième rôle de jumeau agent secret m’a moins convaincu), Steve tom en père catastrophé, Kathleen Turner qui décidemment, fait preuve d’un sens de l’autodérision assez hallucinant sur son physique actuel... mais surtout, l’excellente (et méconnue) Rachel Melvin qui campe une jeune débile assez extraordinaire de drôlerie et de charme ! Bref, sans crier au chef d’œuvre, j’ai vraiment aimé ce "Dumb & Dumber De"… ce qui devrait me valoir les moqueries des fans !