Hellbreeder est un film peu connu visiblement, et il est même très difficile de trouver sur internet la moindre mention de ce film sur des sites francophones. Il est pourtant assez spécial, pour mériter un petit détour. En plus il y a Dominique Pinon.
Ce-dernier est en effet présent au casting, mais pas dans le rôle principal. Il est dans le genre de film qu’il affectionne, bizarre tant sur la forme que le fond. Maintenant il faut être honnête, son jeu reste ici limité, et il n’a pas grand-chose à proposer, toutefois son allure particulière fait toujours merveille dans un film décalé et spécial. C’est Lyndie Uphill qui hérite du rôle principal, et se débrouille en revanche très bien. Elle a vraiment un rôle complexe, et elle livre une prestation solide, jouant avec finesse les différentes émotions qui traversent son personnage, et ce n’était pas une mince affaire. Pour le reste du casting c’est assez secondaire à la vérité, non pas que les acteurs soient mauvais mais ils n’ont pas une place suffisamment importante pour retenir l’attention plus que cela.
Le scénario de son coté peu déconcerté. Je m’attendais à la base à un slasher avec un clown, mais non, rien de cela. Le film est beaucoup plus complexe, voir alambiqué à outrance. Il a un coté « vision après la prise de champignons hallucinogènes », tant visuellement, qu’au niveau de l’intrigue dotée d’une narration très singulière, et qui se détache de la notion de récit construit. Le clown par ailleurs a vraiment une place secondaire. Pour ma part j’ai trouvé l’idée originale, mais pas suffisamment maitrisée pour totalement convaincre, et il faut avouer que malgré la durée courte du film (1 heure 20), il paraitra sans doute assez long à beaucoup de gens, n’arrivant pas à offrir vraiment des enjeux pour entretenir l’attention du spectateur. On est presque dans un film expérimental ici.
Visuellement Hellbreeder est là encore très singulier. La mise en scène est relativement propre, il n’y a rien à dire la dessus, même si certains cadrages laissent à désirer, à moins que ce soit un élément voulu (tout est possible compte tenu du produit !). Néanmoins c’est la photographie qui surprend le plus. Les couleurs sont ultra-surexposées, les jaunes, les verts, écrasent souvent les autres teintes proposant une esthétique acide surprenante. Quelques passages en noir et blanc alternent aussi au milieu, laissant clairement envisager une attention artistique évidente. C’est certain que ce choix va piquer les yeux à certains spectateurs. Pour ma part je n’ai pas été totalement convaincu, car l’image globalement n’est pas très belle et il y a une forte déperdition de qualité dans les passages les plus travaillés (en plein jour surtout). Cependant je ne peux que souligner une vraie attention esthétique, et c’est assez rare de trouver ce type d’ambition dans un métrage de ce genre. Quant aux décors ils sont finalement très limités. En fait le film ne se concentre absolument pas sur eux, et du coup ils ne prennent vraiment pas d’importance dans le métrage. Alors Hellbreeder n’est pas un film d’horreur sanglant. Quelques passages sur le début laissent supposer un film violent et cru (meurtre d’enfant notamment), mais il n’en est rien au bout du compte. Enfin la bande son est réjouissante. Elle offre dès le début des tonalités giallesques qui font vraiment plaisir, et ensuite on reste sur un travail de qualité qui renforce encore l’ambiance si spéciale d’Hellbreeder.
La critique anglophone et la très rare critique française ont globalement bien pourri ce film, avec des scores très bas sur l’IMDB notamment. Pourtant le résultat est loin d’être déplorable. Je salue surtout la volonté de l’équipe du film de sortir du lot en ne rabâchant pas les lieux communs du genre, et de tenter de donner à leur métrage une dimension artistique singulière. Certes le résultat n’est pas complètement concluant, mais il est loin de démériter, et vaut à mon sens de francs encouragements.