Grand fan de l'humoriste talentueux mais censuré qu'est Dieudonné, c'est avec une joie non dissimulée que je m'apprêtais à découvrir son premier long métrage. Une fois les 1h20 du film passées, le verdict tombe rapidement: C'est médiocre.
On peut être fan tout en étant honnête. Qu'en est il au juste?
Le sujet du film, qui laissait présager de l'irrévérence au moins aussi corrosive que dans ses excellents spectacles, est effleuré (étouffé par de faux gags), ou plutôt, n'est pas traité réellement. Pire, l'absence réelle de matière sur LE sujet laisse place à des interventions du genre "making of" en plein milieu du film faisant assez "remplissage de vide". C'est assez bordélique et diléttante (l'idée du journal de bord, les blagues à 2 francs etc...). Qui plus est, on nous propose des personnages éminemment caricaturaux (le gay, le dragueur, l'alcoolique raciste, la pouf, le boss mafioso) bien loin des figures subversives habituellement dépeintes par l'humoriste sur scène. regardons nous un "Dieudonné" ou bien un pâle épisode de série télé quelconque sur TF1 ici?
Le film est rarement drôle, un comble pour une comédie. DIeudonné a choisi, pour le personnage qu'il campe, un registre assez gras et relativement restreint. Du Dieudo pas inspiré et relativement "facile" (mimiques connues, pet, répliques "cultes" exprimées sans percutant), loin, très loin du meilleur Dieudo. Idem pour les autres, de l'homo déluré, ridicule et inintéressant personnage, en passant par le séducteur raté digne des pires one man show genre Bosso, les Chevaliers Du Fiel... Ce ne sont pas les acteurs ici qui sont pointés du doigt, mais plutôt les personnages choisis. Quelques "guest" qui ne sauvent ni le film ni son intérêt (on a connu Faurisson plus impliqué dans "the Faurisson's case" notamment. Une apparition Soralienne très charismatique mais courte au final). Beaucoup de déception de voir un potentiel intéressant mais sous utilisé, comme Ahmed Moualek plutôt bon mais peu présent, Daniel Conversano apportant une petite touche glauque et mystique (trop court et trop secondaire!) et un Jacky juste (mais avec un rôle trop minuscule pour son talent). Saupoudrez avec une jolie brune et une blonde qui nous offre ses seins.
Le final est intéressant, c'est pourtant là que commence le film. L'absurdité d'un racisme qui finit par disparaitre pour laisser place à une alliance étonnante débouchant sur un autre racisme.
Ce film est un premier essai pour Dieudonné qui n'est pas réalisateur de métier. En espérant que le prochain prenne plus d'envergure (techniquement, idéologiquement). L'AntisÉmite sent fort le petit film tourné dans les locaux étroits du TMO et le manque de temps. Dommage.