Très belle réflexion sur l'argent. C'est un chef d'oeuvre, à mon avis.
Film parfait, joué magistralement par Gad El Maleh.
Le titre rappelle bien sûr Karl Marx, ce qui n'étonne pas. Ici, Tout est dit, démythifié, illustré, amplifié ou stigmatisé.,
Comme l'intelligence, la force, ou la beauté, l'argent est un pouvoir qui peut être dévoyé. Dont on peut abuser ou contraindre à abuser. Beauté, force et intelligence peuvent être dévoyées. Quand on n'a pas la force, on traite de violents ceux qui en sont dotés quand on en est victime. L'intelligence devient génie ou perversité. La force crée l'horreur par la violence, et la beauté par l'harmonie qu'elle met en place; ce peut être l'architecture, l'effort, le dépassement de soi. La beauté devient amour ou luxe insultant. Ce qui est fascinant avec l'argent, c'est que l'on peut en acquérir ou en voler. Et qu'il peut remplacer la force, l'intelligence ou la beauté. Il n'en donne que l'illusion. Force, intelligence et beauté finissent par triompher, dans leur plénitude, sans fard, et sans être galvaudées. Il y a toujours un Robin des bois. Ou, à défaut, la lourdeur de la réalité qui remet tout en place. J'ai beaucoup aimé le clin d'oeil de la fin : Qui va décider ? La conjoncture, répond Gad Elmaleh, la conjoncture qui est pute. Et pour finir, il dit qu'il est Robin des bois, et il renverse l'image en lançant à son auditoire ce que son auditoire veut entendre : les riches seront plus riches et les pauvres plus pauvres, grâce au système. Jusqu'à ce que tout se casse la gueule. C'est une fin marxiste, mais qui n'est pas totalement fausse. J'aurais que la vertu finit toujours toujours par l'emporter, par emporter la conjoncture, qui n'est rien d'autre que le volonté des hommes. Les marxistes disent : les marchés nous manipulent. Mais ils oublient que les marchés obéissent à la seule loi des marchés, qui est faite par les hommes qui y échangent, acteurs manipulés ou non. Revenons-en à l'argent, dont le film dit qu'il n'est pas un outil mais un maître : mieux on le sert, mieux il nous récompense. Encore une fois, c'est nier la volonté des hommes. L'argent ne constitue pas un moyen de redistribuer les richesses. Non, l'argent est le seul moyen de répartir les ressources. Là se situe la corruption marxiste : dire richesses là où se devrait être ressources. Ca remet aussi en cause la thèse du siècle des Lumières, qui présente l'homme comme naturellement bon (voir le mythe du bon sauvage, les "lettres persanes" de Montesquieu, le bon sauvage de Rousseau). Et c'es pourquoi je pense que notre époque marque un tournant de l'Histoire aussi important de celui des Lumières ou de la renaissance : l'homme vit d'excès et de vices, qu'il faut sans cesse redresser. L'état de nature n'est pas idyllique. La vie est un combat.