Avec un titre pareil, placé sous le patronage du grand Karl, il faut assurer... Stéphane Osmont, l'auteur du livre éponyme qui a inspiré ce film, y est allé sans complexe. Costa-Gavras aussi. Sans complexe, mais avec l'artillerie lourde. Même si la démarche de critiquer le système financier international, avec ses spéculations, son amoralité, sa déconnexion de la vraie vie des gens, est louable, complexe donc intéressante, et même si le film n'est pas mal emballé, sur le mode du roman d'apprentissage, on a quand même droit à une belle brochette de clichés. À commencer par le portrait du personnage principal, un arriviste-opportuniste qui ne rêve que d'argent, de pouvoir et d'une top-model qu'il aimerait "posséder". Le monde de la finance est évidemment cynique, sans foi ni loi. Surtout du côté américain, où les businessmen ne reculent devant aucun coup bas, depuis leur yacht où se prélassent des bimbos en maillot de bain. Bon, ok, tout cela est peut-être en partie juste, mais le regard de Costa-Gavras ne nous propose rien de bien nouveau sous le soleil. C'est un peu dommage car il y avait de la matière et quelques bonnes idées de mise en scène, qui auraient pu faire mouche si elles avaient été plus développées : par exemple, quand le réalisateur nous propose des flashs de ce qu'auraient pu être les réactions du personnage central s'il s'était vraiment écouté. Mais on a l'impression que Costa-Gavras n'a pas forcément trouvé la bonne distance avec ce Marc Tourneuil dont on suit les aventures avec une certaine curiosité. On est à la fois dans une forme de complicité (le personnage s'adresse parfois à la caméra, donc à nous) et dans une condamnation. À ce titre, le choix de Gad Elmaleh dans un parfait contre-emploi participe de cette ambiguïté, car l'acteur force un minimum la sympathie... En matière de casting, Costa-Gavras nous refait d'ailleurs le coup de Missing, où il avait donné à Jack Lemmon, habitué aux comédies, un rôle sombre. Mais cela passait mieux dans ce film à la tonalité bien déterminée, réaliste et tragique. Ici, dans La Capital, ce qui pêche le plus, c'est peut-être le manque de détermination de la tonalité, cette valse-hésitation entre réalisme et satire. On ne sait pas bien sur quel pied danser, et ni l'une ni l'autre des pistes ne paraît vraiment aboutie.
Pour info, l'expression "Robin des Bois moderne", ainsi que la phrase "Nous allons prendre aux pauvres pour donner aux riches" ont semble-t-il été empruntées à un discours de Barack Obama se moquant de la philosophie de son concurrent à la présidentielle 2012, Mitt Romney.