On peut légitimement avoir peur en allant voir un film sur la finance et le monde des banques, c’est presque normal. Peur d’être largué (et/ou saoulé !) au bout d’un quart d’heure par un jargon incompréhensible, peur d’être hermétique aux personnages et à leur préoccupations tellement éloignées des nôtres, que sais-je… Cette petite peur, je l’avais eu avant de voir « Margin call » il y a quelques mois, or j’avais vu à cette occasion un film remarquable en tout point. La première chose à dire, et la plus importante, sur le scénario du « Capital », c’est qu’il est limpide, clair et pas du tout abscons ou tortueux : j’ai tout compris de ce qui se passe ou se dit à l’écran de la première image à la dernière, et pourtant en matière de haute finance, mes connaissances et mon intérêt avoisinent le zéro. Alors même si par moment on peut trouver à redire sur tel ou tel personnage un peu trop caricatural, un dialogue trop théâtral ou une scène un peu superflue, le but principal du film est atteint : faire comprendre en des termes simples et accessibles le cynisme absolu et l’absurdité du système qui est en train de se casser la gueule sous nos yeux. Au travers d’un personnage principal, remarquablement incarné par un Gad Elmaleh terrifiant de froideur et d’avidité, Costa-Gavras dépeint sans la moindre complaisance pour personne un monde où on finit toujours par se retrouver face à un homme plus cynique et plus avide d’argent que soi, qui vous pousse à être à votre tour encore plus cruel, retors et manipulateur et ainsi de suite. C’est presque un jeu, qui vous éloigne de plus en plus de votre humanité, qui vous éloigne petit à petit de l’essentiel : le bonheur, l’amour, la loyauté, l’amitié, la famille. C’est une démonstration assez implacable que ce film nous propose. Pour composer son personnage, Gad Elmaleh à surement cherché des sources d’inspirations et pas forcément uniquement dans le monde de la Finance. Un homme dans la force de l’âge, nerveux et pressé, prêt à tout pour accéder au pouvoir et prêt à toutes les compromissions pour le garder, un homme qui fini par penser que l’argent peut tout acheter, y compris l’affection des siens et qui ne peut se départir d’une certaine condescendance envers le « peuple », les sources d’inspirations sont légions : moi-même j’ai deux-trois noms qui me viennent en tête… Quoi qu’il en soit, il trouve ici son premier grand rôle dramatique, qui en appellera d’autres je n’en doute pas. Le reste du casting est impeccable, si on excepte le top model incarné par Liya Kebede, (trop caricatural, trop dans l’excès, too much, quoi !) et Natacha Regnier, dont le rôle n’est pas assez écrit et qui du coup, fait un peu pâle figure. Encore un petit bémol pour chipoter : la fin laisse un gout étrange, un peu trop caricaturale, un peu trop « facile » à mon gout.