Putain, Costa Gavras ! "Missing", "Etat de Siège", "L'Aveu", "Z", "Amen" ou "Le Couperet", même... Non, vraiment, je l'aimais mieux de son vivant parce là, ça ne peut être que son fantôme qui tient la caméra et, surtout, qui participe au scénario. Comment un type au regard (autrefois) si aiguisé sur la société et ses rouages politiques (et donc économiques) a-t-il pu sombrer autant dans la caricature facile et ridicule ? Parce que franchement, opposer le "bon" capitalisme franchouillard de papa au "méchant" capitalisme US aux dents longues, il fallait oser. Autre cliché, encore plus terrible : le tonton gaucho, avec son air fatigué et désabusé et son verre de pif devant lui. Sans commentaire. A cause de ce côté grossièrement caricatural qui dessert complètement un propos pourtant assez louable sur le papier, "Le Capital", ça devient un peu l'économie pour les nuls (et en moins intéressant, sans doute). Avec en plus tous les petits détails qui font les meilleurs nanars : caméo people (Bixente Lizarazu, wtf ?), jeu et diction approximatifs, post-synchro pas terrible des acteurs français quand ils ont du texte en anglais... et il doit bien y avoir aussi 2 ou 3 faux-raccords. C'est la crise, ma pauvre dame ! Et puis alors, énooooorme point faible du film, que dire de Gad Elmaleh en pâle imitation de Michael Douglas ? Bon, il faut reconnaître une certaine constance au bonhomme, il arrive à être aussi affligeant en acteur dramatique qu'en acteur comique ("Les Seigneurs", au hasard) mais en laquais du capital, il est bien plus convaincant pendant les 30 secondes de la pub SFR que pendant les 115 minutes de ce film. Réaction en chaîne, tous les autres acteurs autour de lui se mettent au diapason : Bernard Lecoq ("La Conquête"), persuadé qu'il incarne toujours le Guignol de Jacques Chirac, Natacha Régnier, dont la dernière bonne prestation doit remonter à... "La Vie rêvée des Anges" (ce qui ne nous rajeunit pas), Gabriel Byrne (wtf ? aussi)... Seuls Hyppolyte Girardot et, à un degré moindre, Céline Sallette arrivent à peu près à nous faire croire à leurs personnages. Bref, le naufrage du capitalisme, c'est pour bientôt, le naufrage du "Capital", c'est pour maintenant.