Une demi déception; oui, c'est bien du James Grey; il y a tout: l'atmosphère avec cette reconstitution minutieuse du New York populaire -et même sordide- du début du siècle, le climat, la photographie, somptueuse, entre gris et sépia; et une intrigue basée sur des rapports fratricides -ici, ce sont deux cousins qui vont s'affronter. Les deux acteurs sont excellents: notre petite star internationale, Marion Cotillard, émouvante ; et Joachim Phoenix, que la maturité rend encore plus beau (sauf à la fin -je vous laisse apprendre pourquoi.....). Pourtant, il y a quelque chose qui manque. On ne rentre pas complètement dans ce mélo qui ferait passer Les deux orphelines pour du Dany Boon.... Je dois dire que, déjà, Two Lovers m'avait déçu par rapport à la force incroyable que véhiculaient les premiers films de Grey.
Elles arrivent de Pologne pour tenter leur chance dans le Nouveau Monde. Elles débarquent à Ellis Island, où les émigrants sont d'abord parqués, triés, examinés comme des chevaux. Magda tousse. Suspicion de tuberculose: elle ne quittera pas l'ile. Ewa se retrouve seule, perdue. Elle tombe comme une pêche mûre dans les mains d'un maquereau, Bruno, impresario d'une petite troupe de girls qui se produisent dans des boites minables avant de finir la nuit avec un client. Il faut de l'argent pour que Magda puisse être soignée; et plus encore pour la faire sortir clandestinement -Bruno est copain avec tous les flics ripoux du coin.... La dessus, intervient le cousin Orlando (Jeremy Renner), prestidigitateur probablement pas plus recommandable que Bruno, mais dont l'apparente douceur séduit la naïve....
C'est, en quelque sorte, un prolongement à Heimat. Heimat, c'était le choix difficile du départ vers un monde nouveau pour fuir une misère de plus en plus prégnante; The Immigrant, c'est ce qui se passe lorsqu'ils débarquent sur ce monde nouveau -mais, dans le cas des Etats Unis, terriblement dur pour les faibles. Et naturellement, on pense à tous les malheureux qui cherchent actuellement à tenter leur chance en Europe, devenue maintenant à son tour terre d'accueil -sauf qu'ils ne sont pas attendus. Combien y a t-il, actuellement, à Paris, d'Ewa venues des pays de l'Est -ou d'Afrique?
C'est bien, mais de Gray on attend plus, voilà. James, redonnez nous La nuit nous appartient! Redonnez nous The yards ou Little Odessa!