Il était une fois, un espion britannique imaginé par un romancier de génie : James Bond, créé par Ian Fleming. Au total, ce furent pas moins de 12 romans (dont un publié après sa mort), plus neuf nouvelles réparties sur deux recueils (dont un posthume). On aurait pu croire alors que l’espion le plus charmeur des services secrets britanniques aurait pu mourir aux côtés de son créateur. Que nenni ! Sans en être véritablement conscients, les nombreux auteurs qui reprirent le personnage s’emparèrent de l’héritage laissé par Ian Fleming pour le porter aux nues et gonflèrent ainsi de façon plus que significative l’œuvre dédiée au personnage désormais le plus mythique de la royauté britannique. Comme quoi, un personnage de fiction peut être diaboliquement lucratif. La Bond-mania est donc lancée, et prend encore une tout autre ampleur avec la première adaptation cinéma. Un long métrage qu’on imagine sans peine attendu au tournant si on tient compte des nombreux lecteurs, transformant ainsi le plateau de tournage en échafaud. Appelé sur la chaise inconfortable de l’éventuel condamné, Terence Young est donc le premier à se lancer dans cet exercice périlleux, d’autant plus périlleux que ce n’est même pas le premier roman à être adapté, mais… le sixième ! Peu importe, l’entrée en la matière était suffisamment bonne pour découler sur la franchise telle que nous la connaissons tous aujourd’hui (Young rempilera même l’année suivante). Mieux : l’équipe technique a contribué à renforcer le mythe. Que ce soit Terence Young par une réalisation solide et par un scénario hyper précis qu’il a co-écrit (en effet, il y a bien eu six coups de tirés avant que ce cher James ne le fasse remarquer), par une composition musicale qui sera définie comme étant le thème principal (et qu’on doit à Monty Norman) pour accompagner encore aujourd’hui les James Bond cinéma du XXIème siècle, et par la création d’un générique qui a depuis fait des petits ; vous savez, ce rond à l’intérieur duquel l’homme au costume sur mesure se déplace avant de faire feu vers le spectateur. Entre le personnage emblématique, la musique mondialement connue et le style de générique, la marque de fabrique des James Bond est née sur grand écran, appelant au passage par la suite bon nombre de têtes d’affiches. Pour l’heure, c’est le méconnu Sean Connery qui a eu la lourde tâche d’endosser le costume de 007. Et ma foi, il s’en est parfaitement sorti. Mieux, ça avait l’air d’être pour lui une seconde peau, tant il paraît à l’aise. Et pourtant… dans les faits, il était loin d’être sûr de lui. Toujours est-il que cette première pige fut si convaincante qu’elle a été suivie de cinq autres. Résumer ce film à ce seul acteur serait très réducteur. Le pouvoir de séduction du personnage était tel qu’il fallait bien des femmes… des femmes appelées aujourd’hui James Bond Girls. Et c’est là aussi que "James Bond contre DR. No" est emblématique car rien que dans ce film, elles ne sont pas moins de trois à se succéder, voire quatre si on rajoute (comme j’ai tendance à le faire tant son entente avec Bond semble si particulière) Lois Maxwell en Miss MoneyPenny : d’abord la britannique Eunice Gayson, ensuite la belge Bettina Le Beau (non créditée au générique) et enfin l’helvético-américaine Ursula Andress. C’est par cette dernière que le film devient encore un peu plus incontournable. Car la sortie des eaux de l’actrice en bikini, en ayant fait transpirer de frémissement les spectateurs mâles, la propulse direct en sex-symbol, créant au passage cette notion si une certaine Brigitte Bardot n’était pas déjà venue affoler l’écran avec le fameux "Et Dieu… créa la femme". Et dire que ces deux-là ont multiplié les castings ensemble dans leur jeunesse… quelle belle ironie du sort ! Pour en revenir à "James Bond contre Dr. No", je suis assez surpris qu’il ne bénéficie que d’un 2,9/5. Car malgré quelques erreurs issues de malencontreux faux-raccords, le film est solide et captive l’attention du spectateur jusqu’à la fin. Certes le film a quelque peu vieilli, mais n’oublions pas qu’il date du début des années 60, sans compter qu’il a bénéficié d’un budget minimaliste (1 million de dollars seulement, après dépassement du budget initial). Mais comparé à des œuvres majeures de la même époque, il n’a rien à envier. De plus, il plante bien les choses, en donnant la signification du matricule 00 et en nommant explicitement ce que veut dire ce qui est en réalité un acronyme, j’ai nommé le S.P.E.C.T.R.E. En lisant quelques avis, j’ai vu certains déplorer plus ou moins que ça manquait de gadgets. C’est vrai que c’est un aspect qui s’est considérablement développé par la suite mais pour info, j’ai lu quelque part qu’ils étaient peu nombreux dans les romans de Fleming. En ce qui concerne l’épisode du Dr. No, il semblerait qu’on ait bien un compteur Geiger, mais aussi une montre sauf que cette dernière ne serait pas dotée des fonctions décrites dans l’œuvre littéraire. Je ne peux hélas en dire plus, étant donné que je n’ai eu que rarement l’occasion de lire les écrits de Fleming, pour tout vous dire un seul à ce jour et il y a si longtemps que je ne me souviens même plus de quel bouquin il s’agit ! Alors pour ce qui est de la qualité de l’adaptation, je suis très mal placé pour en parler. Quoiqu’il en soit, j’ai passé un très bon moment devant ce film de cinéma d’un autre temps. Et reconnaissons à ce film d’avoir su révéler au grand public Sean Connery (ça aurait été dommage de s’en passer) et d’Ursula Andress (perso, je suis moins fan), et d’avoir donné naissance à une formidable franchise.