Tout commence donc par Dr No, ou la confrontation hasardeuse mais réjouissante entre le héros du romancier Ian Fleming et un certain docteur germano-chinois à la solde du Spectre. Un héros charismatique et irréprochable face à l’intelligence criminelle sacralisée et le tout estampillé film d’espionnage. Sans nous voiler la face, Dr No est très certainement le plus faible film de la franchise. Non pas qu’il soit mauvais, moins attrayant que certain autres, plus décriés, non, Dr No est simplement ce que l’on pourrait rapprocher d’un Pilot. Une première tentative qui, la suite nous le démontrera, à porter ses fruits, entamant la plus lucrative, la plus prolifique et la plus connue des série de films que le cinéma ait porté.
Sean Connery endosse donc le premier costume de 007, incarnant un James Bond, selon les dires, à l’image de l’homme à qui l’on a confié la réalisation, Terence Young, soit un personnage raffiné, charmant mais aussi violent, redoutablement intelligent et plus surprenant, pour l’époque, un homme à femmes. Sean Connery, du haut de taille imposante, mange littéralement l’écran, ne laissant que peu de place au reste du casting, encore moins à un Dr No fantasque et relativement oubliable en regard aux grands méchants que le futur nous aura réservé. C’est donc ici une sorte de One Man Show, servi par un scénario d’apparence très correcte mais nuancé par une réalisation parfois poussive, des décors, disons encore, brouillon, Ken Adam n’ayant pas encore pris ses marques.
Ce livre de Fleming fût donc choisit en premier car étant plus facile à adapter, moins fourni, moins onéreux à mettre en scène. Le choix s’avère donc judicieux. La qualité de ce dernier passe donc au second plan sachant pertinemment qu’il s’agit d’un coup d’essai. S’il constitue les fondements même de la franchise, parsemé de magnifiques plans et des premières scènes ou répliques cultes de l’entreprise James Bond, Dr No reste un film inégal. Oui, Terence Young, en pleine recherche de comment approcher le personnage, l’histoire et se demandant comment donner toute son originalité et sa grandeur à son projet, aura sans doute brûler quelques étapes, le deuxième film nous démontrera que sans prétentions astronomiques, l’on parviendra à faire d’un James Bond un grand film.
Inégal donc, jalonné de mauvais goût comme de superbes inspirations. Si Sean Connery est sans conteste le centre d’intérêt de tous, il n’en reste pas moins que Dr No comporte sans doute l’un des scènes les plus glamour de la franchise, Ursula Andress sortant de l’eau, évidemment. Oui, si l’est l’une des réussites du film, c’est l’attribution du rôle d’Honey Ryder à Miss Andress, et ce même si faute d’un accent à couper au couteau, elle fût doublée, et reste l’une des référence absolue en la matière. Pour terminer, disons que si les décors bâtis à Pinewood Studio sont franchement moyens, les prises de vues Jamaïquaines, sont-elles, remarquablement belles. Inégal donc que ce premier James Bond. Un film de collection qu’il est parfois bon de revoir. 12/20