Le début du film n'est pas très bien posé, un peu brouillon, laborieux. On peine à y entrer. Les choses s'améliorent dès l'arrivée du fils Courge au village. Se déroule alors un récit plus limpide, sur le mode du roman d'apprentissage, entre nature et culture. Ouverture au monde, approfondissement de la relation filiale, évocation du deuil, naissance d'une amitié sont autant de thèmes développés avec tendresse, drôlerie légère et quelques touches poétiques (les apparitions de "l'outremonde", les flash-back "aux papillons"...). Tout cela nous mène à une jolie fin, assez émouvante.
Ce premier long-métrage de Jean-Christophe Dessaint est donc de facture honnête et plaisante. Le réalisateur aurait pu cependant s'affranchir davantage de ses modèles et références : un schéma de base des contes classiques européens (une forêt, une figure d'ogre, un enfant rudoyé...), une dimension mystique et des thématiques chères à Miyazaki (les esprits ou fantômes de la forêt, l'anthropomorphisme, le lien entre l'homme et la nature), des clins d'oeil à L'Enfant sauvage de Truffaut. Sur le plan visuel, le film a ses merveilles, notamment les paysages impressionnistes, qui témoignent d'un soin particulier apporté à la lumière. En contraste, la représentation des personnages principaux, Courge père et fils, apparaît grossière et déçoit un peu. En matière de doublage, le résultat est également hétérogène. Lorànt Deutsch, même s'il a toujours un côté gamin, n'a plus vraiment une voix d'enfant. Mais le choix de Jean Reno et de Claude Chabrol, pour doubler respectivement un homme des bois, taille colosse, et un gentil médecin, est nettement plus inspiré.