Aaah le come back de Jamie Lee ! Il était temps. Michael commençait à se sentir seul en 20 ans d’abstinence meurtrière. Oui car le film semble éluder tous les volets post épisode 2 pour repartir sur de nouveaux rails et enfin recréer cette fameuse confrontation frère-soeur qui est à n’en pas douter la source principale de "Halloween", les opus suivants n’ont à mon sens fait que broder autour du personnage de Myers sans forcément chercher à magnifier quoi que ça soit, autant les balayer d’un revers de main. Laurie Strode refait donc son apparition pour le plus grand plaisir des fans et un nouveau duel peut s’engager, cool ? Pas tant que ça.
Il faut pourtant dire que tous les ingrédients étaient là, mais encore une fois le scénario fait les mauvais choix en se détournant de l’intérêt premier de ce revival, il va d’avantage se focaliser sur d’autres personnages comme les jeunes acteurs en vogue de l’époque Josh Hartnett et Michelle Williams, ce qui est un peu dommage pour ne pas dire frustrant de passer à côté d’une construction principalement centrée sur Laurie, elle ne sert finalement que de faire valoir pour l’escalade de massacres. Le réalisateur s’attarde sur les relations mère-fils, sorte de passage de témoin des 17 ans, l’âge maudit, comme si Michael avait tout prémédité, fort du cawa mais bon pourquoi pas, le gars est doué pour poireauter gentiment dans l’ombre, Laurie a elle entre temps changée d’identité en tentant de fuir son passé morbide, mais quand les forces du mal te collent au cul c’est pour la vie. John part donc contre l’avis de sa môman faire la fiesta avec sa meuf et ses potes dans un petit cadre intimiste, nulle doute que Micky va passer leur dire bonsoir armé de son éternel couteau de boucher, les ressorts sont prévisibles et les jumpscares pleuvent, le lot des films d’horreur post "Scream", Steve Miner, réalisateur de deux épisodes de "Vendredi 13", s’exécute et livre un copie bien peu originale en terme de tension horrifique, bien que certains passages soient assez efficaces.
Bien sûr quand je dis que l’histoire ne se focalise pas sur Laurie ça ne veut pas dire qu’elle n’apparait que peu à l’écran, car quantitativement elle est très présente sur les 1h20 de film, mais sa névrose, son alcoolisme, ou son idylle avec petit ami ne sont pas super intéressants dans le sens où sa ne sert pas le thème de la revanche de Michael, c’est une perte de temps malgré que scénaristiquement il y a de l’idée pour ce qui est de nous présenter cette nouvelle femme toujours hantée par cette nuit du 31 Octobre 1978, Jamie Lee Curtis est juste excellente, son charisme manquait cruellement à la franchise, ça fait un bien fou de la retrouver, mais preuve en est qu’elle se bat un peu toute seule. Hartnett et Williams semblent jouer des rôles quasi identiques à ceux qu’on connait dans "The Faculty" et "Dawson", je m’interroge encore sur la présence de LL Cool J qui ne sert absolument à rien, par contre la brève apparition de Janet Leigh est très sympa et le clin d’oeil à "Psychose" est super malin.
Après il faut aussi dire que malgré ses défauts ce film se regarde plutôt bien, il n’y a pas vraiment de lourdeurs, le montage est correct, globalement c’est bien mis en scène et interprété, la bande son est bonne, mais le principal problème c’est qu’il ne fait pas peur, enfin l’ambiance est faible, ce n’est pas en faisant sursauter qu’on instaure un climat d’épouvante, cette technique a tendance à bien souvent m’énerver, et Michael Myers en est l’objet idéal, il sera toujours ravi de se pointer derrière notre dos pour nous trucider, même si on le voit arriver à des kilomètres sur ses gros sabots. La dernière partie du long métrage alterne entre clichés agaçants et références sympathiques, c’est un peu maladroit et le réalisateur semble être pris par le temps pour finir son oeuvre et conclure cette confrontation qui marinait depuis tant d’années, l’ultime séquence est presque drôle tellement elle est aberrante et le générique sonne comme un léger foutage de gueule.
Ces retrouvailles sont donc loin d’être parfaites, la malédiction des Strode n’inspire qu’un sentiment de frustration, Jamie Lee sonne la révolte en gueulant un vieux coup contre la franchise et tous ses anciens volets qui n’avaient franchement guère lieu d’être sans sa présence, et elle a raison, mais le projet apparait comme survendu et symptomatique d’une ère du genre en manque d’idées, qui ne se contente de jouer que sur des sensations gratuites et des schémas préconçus, fort heureusement ce "Halloween : 20 ans après" reste tout de même une parenthèse plutôt conviviale par rapport à d’autres oeuvres de la même époque.