JITTERS est dans l'ensemble mauvais, sans intérêt particulier si ce n'est peut-être pour les jeunes gays pas encore assumés ou qui n'ont pas fait leur coming-out, et encore, le film s'achève là où il faudrait continuer. Jusqu'à peu près la moitié du film, c'est réellement nul, parfois c'est n'importe quoi, vraiment mauvais. Un bisou une nuit contre un arbre et puis c'est tout? Piètre mise en bouche, banalement balancée. Ça relève plus du téléfilm gentil que d'un réalisme prenant. OK, l'Islande est un petit pays qui ne trouve pas forcément de très bons acteurs; simplement ici, non seulement le jeu n'est pas terrible (à part celui de la grand-mère folle, celle de la pauvre Greta) mais encore c'est platement mise en scène, mal filmé (la caméra bougeotte sans raison), le montage est médiocre, la musique plaquée... Et puis il y a cette équation, chez cette pseudo jeunesse islandaise de 16 ans, alcool égale désinhibition: dès qu'ils se rencontrent, ils/elles n'arrêtent pas de boire et pas que du coca-cola (sang noir du capitalisme) mais du vin, des spiritueux, de la vodka, au verre ou à la bouteille, pour finir, pour les plus frustrés dans leur life, par dégueuler. Puisque ça commence et ça finit par ça, on aurait pu se concentrer sur l'histoire de Gabríel et Markús mais non, il faut rajouter des histoires insipides de recherche d'un père jamais connu, de loyer impayé, de taf au supermarché et de grand-mère anxieuse et castratrice. Autre facho dans son genre, la mère de Gabríel organise des «réunions» de famille inutiles pour «parler» de son soi-disant «cas» et le flique jusque dans ses affaires personnelles; or ça ne tient pas la route. Bien des personnages sont insupportables et tout le train fait autour des ados paraît complètement factice. Le petit mec, qui se cherche sexuellement, met bien du temps à réaliser. Malgré son joli sourire, Atli Oskar Fjalarsson offre un visage trop peu expressif et on ne ressent aucune angoisse chez lui alors que son personnage aurait dû délivrer bien plus de sens. Le film donne l'impression de broder autour d'un sujet de fond, sans relief ni originalité, sinon par l'apport artificiel de quelques événements invraisemblables, comme par confusion entre complexité psychologique et complexification forcée. Ce petit film (un premier long pour Baldvin Z), tout sympathique qu'il paraît, manque profondément de crédibilité et surtout d'intérêt, et ce n'est pas les dernières secondes d'émotion qui suffiront à emballer l'affaire.