Le documentaire sort en salles le 19 octobre, alors qu'est célébré le cinquantième anniversaire des évènements dont il traite. Cette même semaine voit la sortie d'un autre documentaire, Octobre à Paris, de Jacques Panijel.
L'idée de ce film est venue à la réalisatrice Yasmina Adi lors de la présentation de son précédent documentaire, qui traitait des revendications d'indépendance de l'Algérie face à l'Allemagne nazie. Elle put alors constater la confusion qui régnait bien souvent dans l'esprit des Français concernant les évènements en Algérie, et décida par conséquent d'éclaircir les données par un travail de recherche et la réalisation d'un documentaire.
Tout en suivant la chronologie des évènements, le documentaire se divise en deux parties bien distinctes : la version officielle et le vécu des protagonistes. La première est illustrée par les commentaires (le plus souvent sobres, dépassionnés et concis) véhiculés par les médias et s'oppose à la dimension humaine et tragique de mères ayant perdu des membres de leur famille. C'est à cet "aspect humain de l'Histoire" que la réalisatrice donne la priorité.
Ici on noie les Algériens a nécessité près de deux ans de travail. La réalisatrice affirme ainsi avoir bénéficié d'un soutien et d'une liberté totale de la part des autorités (Préfecture de police pour les Archives de la police, Archives nationales pour les archives du gouvernement, etc.). Afin de rendre son travail attractif, elle s'est grandement servi des deux médias les plus influents de l'époque (la presse et la radio) qui, à sa grande surprise et malgré ce que l'on pourrait penser, ont grandement évoqué les évènements algériens.
Outre les images d'archives, le documentaire s'appuie également beaucoup sur le témoignage d'algériens ayant vécu ces évènements. Selon Yasmina Adi, ces confessions sont d'autant plus précieuses et émouvantes qu'elles sont pour la plupart exprimées pour la première fois : "Tout ce qui entoure la guerre d’indépendance reste souvent tabou au sein de la communauté algérienne. Certains (dont la plupart sont toujours en France) n’en avaient jamais parlé, même pas à leurs enfants, qui ont découvert la vérité lors de mon enquête ou lors du tournage", explique-t-elle.