Les plus utilesLes plus récentesMembres avec le plus de critiquesMembres avec le plus d'abonnés
Filtrer par :
Toutes les notes
🎬 RENGER 📼
7 339 abonnés
7 542 critiques
Suivre son activité
2,0
Publiée le 29 octobre 2011
Cinquante ans jour pour jour après les évènements du 17 octobre 1961, Yasmina Adi revient sur ce tragique fait divers par le biais d’images d’archives et d’interventions de témoins ou familles de victimes. Tous se souviennent avec exactitude ce qui s’est passé ce soir là, lorsque le F.L.N (le Front de Libération Nationale) avait lancé un appel à destination des milliers d’Algériens vivant à Paris (et proche banlieue) afin de protester contre le couvre-feu qui leur était imposé. Une manifestation pacifiste qui se solda par plusieurs morts et blessés plus ou moins grave. Réprimée par les forces de l’ordre, cette manifestation reste un tabou dans l’Histoire de France (plusieurs Algériens furent jetés dans la Seine au moment de la manifestation). Ici on noie les Algériens (2011) nous fait revivre minutes par minutes tout le déroulement de cet événement, grâce aux nombreuses archives (audio, journaux, photos, etc), ainsi qu’aux témoignages de personnes ayant survécu à ce lynchage. Un documentaire important qui se devait de voir le jour, afin de mettre en lumière un événement peu connu du grand public. Dans le même registre, il est tout aussi important de découvrir le film Octobre à Paris (1962), de Jacques Panijel, qui a bénéficié d’une ressortie en même temps que le film de Yasmina Adi, et qui retrace le même événement mais de l’intérieur (réalisé au moment de la manifestation, il avait été rapidement censuré).
Ceci est positivement un très mauvais documentaire. Tout d'abord, il manque au début un préambule expliquant la situation à l'époque. 50 ans après, 90% des gens ne savent même pas qu'il y avait une guerre d'indépendance en Algérie avec des soubresauts dramatiques en France. Ensuite, la chronologie des faits et leur emplacement géographique ne sont jamais précisés. Qui, en dehors des Parisiens "pure souche", sait où se trouvent le Palais des sports ou le 8ème arrondissement ? Enfin, on ne sait pas qui sont les interlocuteurs, les témoins qui s'expriment et à quel titre ils parlent. Pour les Algériens, on le devine facilement. Mais pour les autres... mystère. Qui se souvient que Roger Frey était Ministre de l'intérieur en 1961 ? Cependant, ce film, malgré ses énormes lacunes scénaristiques et pédagogiques, a le mérite d'exister et d'apporter un témoignage sur les exactions commises une fois de plus par notre belle police nationale. Après le Vél d'hiv' en 1942, le Palais des sports, avec les mêmes scènes inhumaines, pile 19 ans plus tard... Edifiant.
Documentaire basé sur des témoignages de différents témoins de l'époque (manifestants, femmes, médecins, militaire, agent ratp...) en toute simplicité. On apprend beaucoup sur un triste fait divers bien caché. C'est très intéressant de voir l'envers du décor du Paris de l'époque, très chic et propre sur lui en apparence, mais avec des cadavres bien cachés, notamment dans la seine...
La même semaine sortent sur les écrans le fameux Octobre à Paris de Jacques Panijel, film culte tourné en 1962 dans une quasi-clandestinité et jamais sorti en salle, et le documentaire Ici, on noie les Algériens, de Yasmina Adi, qui en constitue une sorte de contrepoint contemporain.
Pour ceux qui ont séché leur cours d'histoire (ou qui sont trop vieux pour avoir connu des cours dans lesquels figurait cet évènement), un bref rappel des faits. En pleine guerre d'Algérie, les Algériens de Paris manifestent sans violence contre le couvre-feu dans les rues de Paris, le 17 octobre 1961. Dans un contexte marqué par les attentats du FLN en France, la répression policière est violente. On compte des dizaines de morts, des centaines de blessés, et des milliers de détentions dans des conditions abominables.
La force du travail de Yasmina Adi tient dans sa simplicité. Son documentaire est de facture classique, sans fioriture. La mise en scène alterne les documents d'archive (principalement des photos, mais aussi des coupures de presse et des enregistrements radiophoniques) et des témoignages de personnes ayant vécu les évènements. Ces derniers sont évidemment très émouvants. Manifestants, femmes ayant attendu en vain le retour de leur mari, conducteurs de bus, médecins : tous sont remarquablement clairs et dignes. Leur parole est d'une grande densité émotionnelle, sans être plaintive.
Voir sur les photos d'époque des inconnus vous regarder fixement par-delà les 50 ans d'histoire écoulés est aussi très fort. Au delà des macabres rappels qu'assène le film (les corps que la Seine rend plusieurs semaines après le drame), on apprend également des à-côtés tout aussi choquants, comme cet internement en hôpital psychiatrique des femmes de disparus manifestant quelques jours après le 17 octobre, ou comme la libération du Palais des Sports pour une série de concerts de Ray Charles (chanteur noir, comme le précise le commentateur de l'époque). Les photos montrant des milliers d'Algériens parqués dans cette enceinte n'est pas sans rappeler d'autres rassemblements terribles, celui du Vel d'Hiv en 1942 par exemple.
Sans voix off, le film réussit donc parfaitement à faire ressentir le caractère inhumain de la répression en juxtaposant simplement les images d'époque et les témoignages, dont les plus impressionnants sont ceux des femmes. Il parvient ce faisant à nous immerger dans l'époque.
En résumé, une salutaire piqûre de rappel pour nous inciter à rester vigilants face à un Etat qui sait à la fois faire perpréter ses méfaits par les fonctionnaires, puis les cacher aux journalistes s'il le faut. D'autres critiques sur Christoblog : http://chris666blogsallocinefr.over-blog.com/
Malgré une construction confuse et sans ligne directrice où le spectateur avale le témoignage (dont on doute parfois de son objectivité), Ici on noie les Algériens s'avère être un documentaire utile, ne serait-ce que pour la mémoire, et la reconnaissance minimale de la France à l'égard des victimes de la communauté algérienne. C'est également une nécessité pour les jeunes générations de cette même communauté.