Une équipe de la PJ trace une bande de braqueurs et les piègeà la sortie de la banque. Mais un sniper épaule les malfrats, et fait un massacre parmi les flics, pendant que ses complices s'enfuient. Le commissaire n'est pas content. Mais alors pas content du tout...
Le guetteur est un film étonnant de bout en bout, et pas toujours dans le bon sens. Quand les trente premières secondes d'un long métrage sont exactement identiques à celles de sa bande annonce;, on flaire déjà les ennuis. Pourtant, le prolongement de ce premier échange entre flic et tueur semble normal, au moins dans la mise en place: un commissaire laminé, un sniper mutique, puis un docteur assez louche qui apparaît après la fusillade. C'est à ce moment que le polar se démarque, en refusant de se concentrer sur la trajectoire du tueur solitaire plein de secrets, et en laissant de la place aux trois protagonistes principaux.
Cela aurait pu être une bonne idée avec la densité scénaristique suffisante, mais c'est surtout le début de la déroute. Lancé comme une locomotive, le réalisateur Michele Placido enchaîne alors les invraisemblances dans la confusion la plus totale, sans jamais arriver à trouver un tempo convenable, ni dessiner correctement des personnages qui ne font que passer comme des ombres. Cela pourrait donner du rythme ou de la tension, mais avec les grands trous dans la raquette que comporte le scénario, l'ensemble donne une franche impression de brouillon pas terminé. Impression confirmée par de gros problèmes de montage, on sent qu'il y a eu de la pression pour rester dans les 90 minutes, car plusieurs scènes sont franchement coupées à la hache.(La recherche d'identité du personnage "supermystérieux" de Kasso dure bien dans les 3-4 minutes...)
On lâche donc vite l'affaire et on laisse nos trois joyeux lurons gesticuler dans des décors de téléfilm d'horreur assez ratés (je pense que Placido adore les sous bois, quelqu'un se dévouera pour lui dire que c'est démodé depuis Le projet Blair Witch ? ) Reste les scènes de fusillades et les plans larges sur la capitale qui sont probablement ce qu'il y a de moins raté, sans être mémorables pour autant. On aura donc un peu d'indulgence pour Auteuil, Kassovitz et Gourmet, pas très à l'aise non plus, et très loin de l'impact qu'ils peuvent donner à ce genre de film.
Une indulgence qui touchera à ses limites lors d'un épilogue (involontairement?) burlesque, facile et bâclé avec un face-à-face-à-face des plus ridicules. Un triste ratage, avec pourtant un bon pitch, qui donne presque envie de modérer le (léger) enthousiasme soulevé par Romanzo criminale, le film précédent du metteur en scène.
Et qui oblige à se porter la question : après plusieurs années jonchées de catastrophes industrielles ou artistiques, et si c'est Kasso qui portait la poisse ?