Au départ, j'ai eu du mal. Tous ces nantis ne pensant qu'à eux avec une prétention et une superficialité assumées : de quoi passer un sale quart d'heure lorsque l'on est pas (du tout) de cette classe sociale. Mais très vite, les intentions de Mona Achache s'éclaircissent et nous permettent de nous plonger dans le quotidien de cette drôle de famille avec un réel plaisir. C'est que très vite, ces bourgeois vont se retrouver en (grosse) difficulté financière, et tout en gardant un minimum de bienveillance, la réalisatrice n'hésite pas à recourir à l'humour grinçant et à ne pas les épargner. Néanmoins, et c'est sans doute là la réussite du téléfilm, elle en fait des battants, parfois à travers des idées fantaisistes, voire en les ridiculisant légèrement, mais sans jamais les humilier de manière gratuite ou douteuse. On a beau se moquer (gentiment) de leur situation, la médiocrité de certain(e)s ne disparaissant jamais totalement, cela ne nous empêche pas de les suivre presque avec bienveillance, leurs angoisses paraissant logiquement nettement plus justifiées et dignes d'intérêt. Surtout, et bien que je n'y connaisse pas grand-chose, « Bankable » a la bonne idée d'intégrer à son récit un projet d'entreprise sur internet venant savoureusement brocarder les investisseurs sans scrupules se vendant au plus offrant. Enfin, si le casting est bon, mention spéciale à la toujours excellente Pascale Arbillot, mais aussi Lolita Chammah, fille d'Isabelle Huppert infiniment plus sensuelle que sa mère et dotée d'une sacrée présence à l'écran. Bref, une comédie dramatique dans l'air du temps, lucide dans son regard et parvenant à rendre accessible et quasiment sympathique une famille méprisable au premier abord : une bonne surprise.