Un remake convenable mais pas si indispensable ! Film culte, mais quand même âgé aux yeux des producteurs, Carrie au Bal du Diable a fait son effet pendant plus de trente-cinq ans. Difficile de remaker un pareil monstre du cinéma horrifique, pourtant c'est ce qu'à fait la jeune réalisatrice Kimberly Peirce (Stop Loss, Boys Don't Cry). Alors remake mauvais ou bonne réadaptation ?
Remake ou pas, ce film se doit de proposer des nouveautés à l'original et non pas se contenter de copier coller le scénario de l'original. Petite nouveauté dès l'introduction, on nous montre la naissance de Carrie et le lourd choix auquel est confronté sa mère. Après cette brève séquence, on nous présente les personnages et le cadre de l'action. Nous sommes dans une petite bourgade américaine, plus précisément dans une université, lieu de toutes les folies et méchancetés. D'apparence fragile et timide, la douce Carrie retient très vite notre attention puisqu'elle est isolée et martyrisée par ses camarades. Lorsqu'elle est dans le besoin, la pauvre Carrie ne trouve que des railleries et des remarques violentes à son encontre. Rien à dire, on est dans la même longueur d'onde que l'original. Très vite, on se rend compte que l'univers de Carrie est fermée et surprotégée par une mère envahissante. Cette dernière est autoritaire et dévouée à la religion au point d'enfermer sa fille dans un placard pour qu'elle face vœu de pénitence. Cette obsession religieuse va, bien entendue, être au cœur de l'intrigue puisque le film oppose la voix traditionnelle de la mère à la volonté émancipatrice de la jeunesse incarnée par Carrie qui semble étouffée par ce cadre familial. Par ailleurs, il est important de signaler que la mère est omniprésente dans ce remake, on découvre vraiment un personnage torturé, dérangé et encore plus croyante. Plus le film avance et plus on découvre une Carrie consciente qu'elle a un don surnaturel qui la protège de toute attaque, le thème de la télékinésie est maîtrisé, voire même plus utilisé et travaillé que dans l'original. Alors qu'on croit Carrie enfin adulescente, la réalisatrice nous propose une longue séquence se déroulant dans le Bal de la promo de l'université. Alors que Brian De Palma dans l'original, arrivait à transposer une scène magique en un massacre, ici, on a plus l'impression qu'il s'agit d'une séquence moins travaillée. Plus propre, on a laissé de côté cette impression de montée en puissance du film, tout comme les superbes jeux de lumière, bref une séquence moins poignante. L'histoire est bien fidèle à l'original, mais cela laisse l'impression de voir un clone sans âme ni créativité. Le film et trop calqué sur l'original et n'arrive pas à s'en défaire, alors qu'il aurait peut être plus judicieux de ne pas faire un copier coller.
Le casting est vraiment un gros point fort de ce remake. La douce Chloë Grace Moretz (saga Kick Ass) endosse le rôle de Carrie à seulement 16ans. Elle a la tête de l'emploi comme on le dit, elle campe vraiment bien son personnage qui balance sans cesse entre le côté émancipateur de la jeunesse, et la voie traditionnelle de sa mère. Elle est vraiment bien pour ce rôle car on voit vraiment la faiblesse du personnage ainsi que sa détresse. Dans le rôle de la mère de Carrie, Julianne Moore (Le Monde Perdu, Hannibal, The Big Lebowski) est quasiment parfaite. Tyrannique, cruelle, ultra pieuse mais quand même un brin plus torturée que par le passé. En clair, Julianne Moore convient à merveille pour le rôle. Enfin, la sympathique Gabriella Wilde (Les Trois Mousquetaires) nous livre une interprétation correcte de la fille qui culpabilise et qui veut aider Carrie à aller mieux. Les autres acteurs s'en sortent plutôt bien dans l'ensemble.
Côté réalisation, la réalisatrice a utilisé au maximum le budget alloué à son film, qui demeure au passage très élevé pour ce type de film (environ 30 millions de $, c'est une somme). On retrouve donc des décors corrects, une histoire plus ancrée dans notre temps avec les smartphones, la plateforme Youtube, les voitures et autres objets qui contrastent sérieusement avec l'univers de Carrie encore très traditionnel avec la voiture de sa mère, des vieilles chansons, une chambre vide... Les effusions de sangs sont beaucoup plus présentes que dans l'original. La musique n'est, ici, pas aussi bien exploitée que pour l'original. On a plus cette impression de contraste entre les mélodies tragiques et celles du bal. Le compositeur Marco Beltrami (la musique de la saga Scream) ne propose vraiment pas de morceau intéressant pour montrer la tragique histoire de Carrie.
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Les + : la base de l'histoire, les acteurs qui sont très bons (notamment Julianne Moore), la réalisation solide
Les - : mais un remake trop calqué sur l'original avec une séquence du bal beaucoup moins réussie.
Un remake bien trop clean pour espérer dépasser le monument qu'est Carrie au Bal du Diable. On constate qu'il est difficile pour la réalisatrice de se détacher de l'histoire originale tout en y apportant des nouveautés. Même si l'on a la fâcheuse impression de voir un banal copier-coller remis au goût du jour, l'histoire garde quand même son côté intéressant en perdant le côté émouvant. Les actrices sont toutes excellentes, surtout le duo Chloë Grace Moretz (Carrie) et Julianne Moore (la mère) qui est superbe. En clair, on a là un remake sympathique et fort divertissant, mais bien en dessous de l'original.